“Une société manufacture les héros dont elle a besoin.”
― Colson Whitehead, Zone One


Les hommes levaient les yeux au ciel et n'avaient qu'une question en tête : est-ce qu'ils vont revenir un jour ? Est-ce que l'histoire va se répéter ?

Est-ce que nos rêves et nos espoirs vont encore être réduits à néant ?

Mes soucis à moi étaient complètement différents des leurs, car ma question ne concernait pas ceux qui nous ont envahis il y a de cela deux ans mais plutôt ceux qui leurs ont tenus tête pendant des années, ceux qui sont tombés en nous protégeant d'eux... Est-ce que les héros allaient revenir un jour ? La réponse n'allait très certainement pas tomber du ciel malgré le fait que ça aurait pu faciliter tant de choses donc j'ai repris ma route sans m'attarder, faire attendre mon père c'est le chemin le plus rapide pour être privé de sortie pendant une semaine.

Parlons un peu de Vance Morales avant de s'aventurer plus loin dans ce récit. Quand ma vie a basculée j'avais encore 16 ans et j'étais encore au collège, plus précisément au Carrollton Junior High School en Géorgie, aux Etats-Unis. Ma vie était plutôt active pour mon âge, je bossais à temps partiel chez Uncle Joe's, un diner à l'ancienne où je gagnais mon argent de poche sans trop de soucis. Au collège tout se passait sans encombres non plus, je pouvais me concentrer sur mes études sans qu'on vienne m'embêter grâce à la réputation que je m'étais fais avec quelques épisodes mouvementés de ma vie. En somme, je pouvais me la couler douce et vivre ma vie sereinement, surtout que comparé à d'autres gamins de mon âge je n'avais pas développé de pouvoirs en ces temps de crise.

En effet, depuis l'arrivée de la menace extra-terrestre et la défaite des héros (et vilains) qui s'étaient unis pour leur tenir tête, la paranoïa général a poussée beaucoup de détenteurs de pouvoirs à se dissimuler et cacher leurs capacités par peur de se faire traquer et éliminer à leur tour à cause de leur statut de potentiel menace. Enfin, comme je l'ai déjà dis, je n'ai rien à craindre : mon père est un humain normal et ma mère... Disons que je ne me souviens pas d'elle, sûrement à cause du fait qu'elle soit partie quand j'étais encore tout petit.

Mon quotidien se résumait donc au travail et à la détente, je ne pouvais pas me passer de mes conditions de vie tranquille pour rien au monde... Du moins, c'est ce que je croyais avant de rencontrer une certaine personne qui allait changer ma vision sur beaucoup de choses... Et par ça j'entends bien qu'il allait rentrer dans ma vie avec une charge qui en ferait pâlir le Rhino lui-même en laissant derrière lui plus de confusion que de mal. Enfin, avant d'en arriver à là, j'avais un autre problème mineur à régler.

Après une bonne demi heure de marche depuis le collège, j'étais enfin arrivé à destination. Notre maison sortait du lot pour une bonne raison : même si nous n'étions pas spécialement riche, notre habitation était celle qui était la mieux entretenue de toute celles du quartier et ce malgré le fait que mon père n'avait pas un meilleur job qu'un voisin ou un autre. J'ai déjà essayé de lui demander d'où il trouvait l'argent pour qu'on puisse se permettre certains luxes que même les Philips, nos voisins avocats et boursiers, ne se permettaient pas mais jusque là, il a toujours réussit à détourner mon attention sur autre chose avec succès. Après quelque tours de clé, j'entendais enfin le débat intense qui avait lieu dans mon propre salon.

Dans la cacophonie du débat entre les deux hommes en noir dressés au milieu de la pièce et mon père, je n'arrivais pas vraiment à distinguer la raison de leur présence ni de leur dispute et c'est seulement en entendant mon père affirmer à voix haute "qu'elle" n'avait pas le droit de faire "ça" maintenant que mon intérêt était piqué au point d'en révéler ma position en essayant de m'approcher pour mieux entendre. Le fait que tout les regards s'étaient posés sur moi et que les deux hommes commençaient à s'approcher dangereusement de ma position était le signal que j'attendais pour commencer à courir. Je n'avais pas besoin de me retourner pour comprendre que le bruit sourd que je venais d'entendre était sûrement le corps de mon père qui était entré en collision avec l'un des agents et c'est en sachant qu'il couvrait mes arrières que j'accélérais et que je poussais mes limites... Mais mes efforts étaient en vain face à mes assaillants étant donné que malgré l'avantage de la masse corporelle et de la taille, je finis bien trop rapidement capturé par ces hommes visiblement entraînés.

C'est dans un bureau rustique que les vieilles personnes appréciaient grandement que j'ouvrais les yeux, assis sans le moindre signe de blessure, douleur ou bien de restriction physique. L'homme qui était en face de moi, sûrement le maître des lieux, confirmait le cliché précédemment mentionné : il était grand et avait une barbe finement taillée ainsi qu'une moustache épaisse, il se tenait droit sur sa chaise et sa pilosité était argentée. Sûrement en fin de cinquantaine, l'homme se présenta sous le nom de Jonathan Heller, directeur du S.H.I.E.L.D. et ancien patron de mon père.

Ne me laissant pas assimiler l'information que mon père était un ex-agent du S.H.I.E.L.D. l'homme assura que ses agents n'avaient rien fais de mal à mon père étant donné que ses intentions n'étaient pas mauvaises et qu'on aurait pu éviter tout cela. Il coopérait tant que je coopérais et c'était une bonne chose, répondant à toute mes questions sans broncher et ouvertement en plus de cela, je n'avais visiblement aucune raison de douter de lui mais une chose me titillait l'esprit : il repoussait sans arrêt la question la plus importante à mes yeux, celle dont la réponse expliquerait la raison de ma présence ici.

Le moment était enfin venu quand Jonathan regardait sa montre et se redressait lentement sur son siège, se lançant dans un monologue que je n'étais pas prêt d'oublier de si tôt, sa première phrase marquant encore mon esprit à ce jour : "Tu seras la personne qui portera le poids du monde entier sur ses épaules dans très peu de temps." Sans me laisser exprimer ma confusion, il continua en m’expliquant le "Projet Marvel", une initiative que plusieurs agents avaient signés il y a de cela vingt ans et qui impliquait qu'en temps voulu, le S.H.I.E.L.D. devra recréer le héros Captain Marvel de la même façon que Carol Danvers a obtenue ses pouvoirs. Le moment voulu, les agents qui participaient à l'initiative devaient effectuer leur part du marché : offrir leur enfant pour l'avancée du plan.

Le mot bouleversé ne pouvait décrire ma situation actuelle mais pouvait très bien définir l'état actuel de mon monde : si cette personne que j'avais rencontré seulement aujourd'hui disait vrai, la raison de mon existence ne serait du qu'à un projet dont je ne connaissais absolument rien ? Que mon père ne me voyait qu'une simple mission ?

L'ennemi de mon équilibre mental s’exprima à nouveau pour me révéler que mon père avait résigné son poste ainsi que son "contrat" il y a de cela douze ans maintenant et que Jonathan avait comprit qu'il s'était attaché à moi. Il continua en me révélant qu'il ne lui en voulait pas et qu'il comprenait sa décision, qu'il comptait le laisser en paix après cela mais c'était sans compter le sabotage de l'H.Y.D.R.A. des autres "spécimens" comme moi... Sûrement une façon soft de m'annoncer la fin tragique de mes pairs. Le fait que mon père a quitté les radars du conflit entre les deux organisations en laissant derrière lui sa vie d'agent m'a visiblement sauvé de ce funèbre destin... Wow.

En effet, mon monde venait d'être bouleversé.

C'est un détail dont Jonathan était parfaitement conscient, c'est pourquoi il s'empressa de quitter le bureau en me laissant seul pour pouvoir me remettre de mes émotions. Je pouvais à ce moment-là m'enfuir par la fenêtre mais... Mais... Si je n'assumais pas mes responsabilités...

Si je n'endossais pas ce rôle maintenant, qui allait le faire ?

Sûrement des dizaines ou des centaines d'autres de personnes issues de plans de secours du S.H.I.E.L.D. car il faut être réaliste, je ne peux être le dernier espoir de l'humanité mais cette fois, les yeux étaient rivés sur moi et je n'avais clairement pas l'intention de décevoir qui que ce soit. C'est avec le torse bombé et le regard déterminé que j'ai quitté ce bureau et Jonathan Heller avait eu ce qu'il voulait : son futur héros ou sauveur, je n'en sais strictement rien mais avant cela il me restait une dernière chose à faire.

C'est seulement après avoir sonné trois fois que mon père ouvrait enfin la porte, m’accueillant comme si de rien n'était (sans se priver d'envoyer un regard aussi noir que le néant en direction du SUV de Jonathan en face de la maison), m'invitant à table calmement. Notre discussion était basique au début mais je n'ai pas perdu de temps pour lui dire que je savais la vérité maintenant et lui n'a pas perdu de temps pour essayer de me noyer sous une pluie d'excuses et d’explications... Il aurait très sûrement réussit si je lui en avais laissé l'occasion mais j'ai accomplit la rude tâche de le couper dans sa lancée pour lui expliquer qu'il n'avait pas à s’excuser et que je comprenais son choix. Le reste de la soirée s'est plutôt bien passée jusqu'à que je lui explique que j'étais prêt à jouer mon rôle dans le grand plan de Heller, chose qu'il n'a pas vraiment prit à coeur au début mais a néanmoins accepté après un moment. Nos adieux n'en étaient pas vraiment, on savait tout les deux qu'on allait se revoir à mon retour... Et c'est pour ça qu'une fois dans le SUV, j'ai eu du mal à expliquer pourquoi mes larmes coulaient à flots.

Sur le chemin, Jonathan me raconta tout ce que j'avais à savoir au sujet du Projet Marvel : il s'agissait d'un plan de secours en cas d'invasion de grande envergure que les Avengers avaient déjà combattus auparavant et celle que la Terre a récemment subit, enfin sans prendre en compte les héros dans l'addition cette fois. Le processus était plutôt simple : le sujet, dans ce cas moi, serait formé et transformé pendant une durée indéterminée par des contacts dont l'identité est tenue secrète par le S.H.I.E.L.D. jusqu'à la rencontre entre les deux partis. La formation pourrait durer des années étant donné que le sujet ne serait redéployé sur Terre que quand le S.H.I.E.L.D. décidera que son retour est nécessaire... C'est à ce moment là que j'ai compris l'ampleur de la situation dans laquelle je m'étais fourré : retour sur Terre ?

Après avoir laissé (encore une fois) les détails les plus importants pour la fin, Jonathan Heller m'a rassuré que tout se passerait bien. Je n'avais pas réellement besoin d'être rassuré, je ne pouvais pas revenir sur mes pas maintenant et le directeur en était conscient. Durant le silence qui pesait sur le chemin, Jonathan m'a demandé d'ouvrir la boîte à gants et d'y récupérer l'enveloppe qui portait mon nom mais m'arrêta avant que je puisse l'ouvrir, hésitant une seconde avant de parler. Au point où on en était, les surprises n'avaient plus grand effet sur moi mais disons que celle qui s'est présentée à moi à ce moment-là a réussi à prouver que j'avais tort... Encore une fois. Ma mère a toujours été une figure inexistante de ma vie, je m'étais contenté de savoir qu'elle était partie quand j'étais très jeune, trop jeune pour me souvenir d'elle et cela s'arrêtait là, mais Jonathan Heller en avait décidé autrement en m'avouant que ma mère était aussi une agent du S.H.I.E.L.D. et que sa relation avec mon père remontait aux années où ils travaillaient ensemble. Malgré ma surprise, Heller continua sur sa lancée en me racontant que leur rupture était causée par ma naissance et ce qui s'en suivit : le fait que mon père décide d'abandonner le S.H.I.E.L.D. pour me permettre de vivre normalement tandis que la loyauté de ma mère pour la grande cause était inébranlable, prenant l'acte de mon père comme une trahison... Et c'est comme ça qu'ils se sont séparés, pas d'adieux et pas de dernier baiser. Après cette révélation, Jonathan m'autorisa à ouvrir l'enveloppe et ce malgré mon hésitation : qu'est ce que ma mère pouvait bien vouloir me dire après tout ce temps ? La réponse à ma question était aussi évidente que décevante : il s'agissait là seulement d'une lettre formelle qui félicite ma coopération pour la cause et qui loue mon courage avec des compliments qui, sans surprise, étaient vides de ce qui en faisait des compliments d'une mère à son fils.

Je ne m'attendais pas à grand chose et j'ai eu encore moins que ce que j'espérais mais cela m'importait peu, du peu que je savais de ma mère par le biais de Jonathan, elle était entrain d'accomplir une mission à l'autre bout du monde et je risquais de ne jamais la rencontrer. Je n'étais pas encore sûr si c'était une bonne ou mauvaise chose, mais en fin de compte j'ai seulement chassé cette perspective de ma tête, chose facile avec tout le chemin qu'on a effectué ce jour-là : nous sommes passés directement à l'aéroport international de Batumi d'où nous avons pris le jet privé de Jonathan Heller pour directement aller en Utah. Durant nos trois heures de vol, le directeur m'a raconté des choses sur mon père et les missions qu'ils ont accomplis ensemble, omettant très sûrement les détails concernant ma mère pendant son récit, un détail qui ne m'échappa pas mais je n'ai pas eu de soucis à comprendre pourquoi. Notre atterrissage fût tranquille en plein coeur d'un aéroport privé du S.H.I.E.L.D. où nous attendait un autre SUV identique à celui qu'on a laissé en Géorgie... Détail qui me poussa à poser la question la plus pertinente à ce sujet : est-ce que Jonathan avait un SUV pour chaque états des U.S.A. ? Sa réponse était un regard suivi d'un sourire amusé. Quel homme.

Une demi heure de route en silence plus tard et le SUV s'arrêta en face d'un massif complètement aléatoire tandis que Jonathan me fit signe de descendre du véhicule. Une fois à pieds, on avança sans but en direction du massif qui appartenait vraisemblablement au Devil's Canyon et Jonathan s'accroupit à quelque pieds d'un des rochers les plus imposant avant de balayer le sable sur une surface assez plate qui était difficile à repérer, révélant une sorte de plaque noire. Une fois cela fait, il détacha une carte de sa ceinture pour la déposer sur cette plaque en prononçant trois mots d'une langue que je ne connaissais pas, deux mots en allemand et enfin le mot "aigle" que j'ai bien discerné étant donné qu'il l'avait dit en anglais. Après cela, il se releva tandis que le sol à nos pieds tremblait subitement, me poussant à reculer de quelque pas alors que le sable s'ouvrait en deux au même moment, dévoilant un long couloir qui avançait visiblement vers le coeur du canyon. Sans hésiter Jonathan s’avança et je ne pouvais pas me permettre de rester planté derrière à hésiter, c'était moi le héros après tout.

"Je te présente la Zone 52 Vance, bienvenue à ton nouveau chez toi... Du moins ton nouveau chez toi provisoire."

La Zone 52 ? C'est pas censé se trouver au Nevada ce truc ? Attends non, ça c'est la Zone 51... Mais du coup qu'est ce que c'est que cette Zone 52 ? Pourquoi elle existe et pourquoi personne n'en a jamais entendu parler ? Toute les réponses à mes questions étaient concentrées en une seule qui m'était donnée par l'homme qui continuait de marcher dans ce long couloir en face de moi, m'expliquant que la Zone 52 était une sorte d'upgrade de la Zone 51 après que celle-ci soit devenue trop obsolète et connue du grand public. La Zone 52 rassemble le meilleur du matériel extra-terrestre et de technologie beaucoup trop avancée pour son temps comme des machines à remonter le temps où autre. Après m'avoir raconté cela comme s'il ne s'agissait de rien de spécial, il m'avoua aussi que la Zone 52 n'était pas si "secrète" que je le croyais et que des personnes étaient déjà suspicieuses de son existence. Je n'ai pas eu le temps de poser d'autres questions au sujet de lieu étant donné qu'on déboucha enfin sur une énorme porte en métal qui s'ouvrait lentement à notre arrivée, dévoilant une base d'opérations énorme avec plus de scientifiques et ingénieurs en pleine activité. L'attention de beaucoup d'entre eux se posa sur Jonathan et moi mais leur travail passait avant nous visiblement, ils se remirent au travail aussitôt et nous laissèrent continuer notre route vers une autre partie des lieux.

Dix minutes plus tard, on arriva enfin à notre destination : une aile isolée de la Zone 52 et beaucoup moins blindée. Une fois sur place, l'attention qu'on nous portait s'était multipliée au quintuple. Seulement après un pas au sein des lieux qu'un scientifique me piquait le bras avec une seringue avant de continuer sa route comme si de rien n'était, me laissant abasourdis par ce qui venait de se passer et de ce fait susceptible à l'assaut d'un autre scientifique qui venait passer un bâtonnet étrange dans ma bouche avant de continuer sa route à son tour. Jonathan me tenta de me rassurer en me disant qu'ils étaient pressés pour l'avancée de l'opération... Mais comment pouvais-je être rassuré ? La réponse c'est que je ne pouvais pas l'être, je pouvais seulement être distrait. Distrait par cet engin qui se tenait à présent en face de moi.

Sa forme n'était pas vraiment cylindrique, sa base prenait une forme que je définirais plus comme "ovale" et avant même que je me rendre compte qu'il s'agissait d'une fusée, Jonathan m'expliqua que Vanguard ici-présent était, tout comme le reste du staff de l'aile privé de la Zone 52, mon ticket pour rejoindre Hala, la planète des Kree. Tout ce qui allait se dérouler ici n'était même pas le début de ma formation, loin de là...

Il ne s'agissait que d'un simple échauffement.


“Un mentor permet à quelqu'un de réussir. Un héros montre ce qu'est la réussite.”
― John C. Mather


Ce qui me terrifiait le plus dans ce qui se déroulait ce n'était pas les lumières du Vanguard qui clignotaient sans arrêt, ni ses alarmes qui menaçaient de m'exploser les tympans et encore moins le fait que le vaisseau semblait plus enclin à tournoyer pendant sa chute imminente que de se stabiliser...

C'était surtout que les étoiles ressemblaient plus à des lignes colorés qu'à des points dans le vide spatial maintenant que je les regardais depuis le cockpit.

Le futur espoir de l'humanité était très bien partit pour s'écraser sur une planète qui lui était inconnue. Malgré ma formation de deux mois au sein de la Zone 52 pour mener à bien le Projet Marvel, mes semaines d'entraînement physique et mental pour supporter le voyage, piloter le Vanguard correctement si l'auto-pilote venait à me lâcher ou bien tout simplement réagir en cas de problèmes techniques, je ne savais absolument pas quoi faire à cet instant et j'étais bien parti pour ne plus rien faire du tout dans les secondes qui suivaient. Je me suis demandé comment Jonathan allait réagir quand son contact Kree allait lui passer un coup de fil pour lui annoncer que son petit protégé était bel et bien arrivé mais pas vraiment en un morceau, mais sur le coup j'avais pas vraiment de temps à perdre à m'imaginer les conséquences de ma propre mort car un héros se doit de sauver des vies et quoi de mieux pour commencer que sauver ma propre vie ?

Après un scan rapide de l'état du vaisseau par le biais d'une technique pas-si-simple qu'on avait pratiquement gravé dans mon esprit à ce point, j'ai vite appris que le problème n'était pas dans un seul composant du Vanguard mais dans tout le système de propulsion qui semblait qu'il était judicieux de retirer ses limiteurs à la dernière seconde. Enfin, je n'avais pas le temps de me lamenter sur mon sort, je me devais de réparer cela et quoi de mieux qu'avoir la meilleure idée du monde en détachant mes ceintures et laissant la force G m'éclater sur plusieurs surfaces plutôt douloureuse avant de me permettre de me rattraper en agrippant à ce qui ressemblait au levier qui ouvrait le réservoir de fuel du vaisseau. Tu avais si bien commencé pourtant Vance...

Pendant que je me traînais vers la partie défaillante du vaisseau, j'ai demandé à l'I.A. éponyme du Vanguard le temps qui me restait avant l'impact. Sa réponse n'était pas celle que je préférais mais c'est ce qui m'a poussé à redoubler d'efforts même si chaque fibres de mon corps menaçaient de se déchirer à chaque secondes que ce calvaire continuait. Après deux bonnes minutes d'efforts intensifs, je suis enfin arrivé dans la salle des réacteurs pour tomber nez à nez avec quelque chose d'aussi inquiétant que révoltant : le fait que plusieurs tubes et autres câbles n'étaient pas branchés à leur emplacement n'était pas ce qui me faisait pâlir à ce moment-là, c'était surtout le fait qu'ils semblaient tout neufs et encore dans leurs emballages. Après une seconde d'hésitation, j'ai finalement accepté que tout dans cette situation me poussait à utiliser la botte secrète du Vanguard... C'est pourquoi, en calculant pendant une seconde ma trajectoire au préalable, j'ai lâché mes appuis et laissé l'accélération ainsi que que l'I.A. Vanguard faire leur travail pour me faire atterrir dans cette petite aile du vaisseau constitué de deux leviers ainsi qu'un siège. Quand les scientifiques m'ont fait visiter cette partie du vaisseau, ils m'ont expliqués qu'il s'agissait là d'un pod de sauvetage que je devrais vraiment utiliser en dernier recours seulement et ce très sûrement pour le voyage du retour.

Avec toute la force qui me restait, j'ai tiré sur les deux leviers sur chaque côtés du pod avant de sentir une dépressurisation éclaire qui me fit perdre momentanément mon souffle. Après quoi le Vanguard, le vaisseau où j'ai passé plus d'une année de ma vie, était devenu un petit point blanc dans mon champ de vision tandis que l'I.A. du vaisseau me rassurait que le processus de détachement s'était déroulé à merveille et que le pod devrait atterrir sur Hala dans moins de trois heures. Je pouvais enfin respirer et, malgré les instructions d'I.A. Vanguard au sujet du pod de sauvetage, je ne pouvais pas m'empêcher de tomber dans un sommeil bien trop profond pour une situation telle que la mienne, sur le moment c'était la seule opération logique pour mon corps et mon cerveau.

En ouvrant les yeux, je suis tombé nez à nez avec un vaste paysage coloré et je ne ressentais plus aucune pression de l'accélération. Au début, j'ai crus que le pod était dans une situation plus stable qu'il y a quelque "minutes", après tout c'était l'impression que j'ai eu du temps passé après avoir fermé les yeux, mais quand j'ai remarqué deux petites bulles suivi du passage d'un poisson en face de la visière de mon pod, je me suis rendu compte de ma situation actuelle. Mon cri de stupeur a étouffé le bonjour de l'I.A. Vanguard mais ma panique n'a pas duré longtemps car après quelque secondes, j'ai senti l'arrêt en mouvement abrupt du pod en même temps qu'un bruit métallique résonna dans mon espace confiné. Après quelque secondes de silence et d'immobilité intense, j'ai senti le pod s'élever rapidement en dehors de l'eau. Quand mon véhicule fit surface et que mon aveuglement momentané se dissipa, je découvris un monde pas si différent de la notre et malgré tout si... Étrange. Le ciel de Hala était un mix de mauve, bleu et orange pale qui s'accordaient étonnamment bien. Le ciel était partiellement recouvert d'une deuxième lune qui était beaucoup trop proche de la planète pour que je sois à l'aise mais je n'avais aucune raison de douter de la sécurité des lieux, après tout ils ont vécus de cette façon depuis des lustres et ces canons subtilement déguisés en bâtiments semblaient capables d'atomiser le corps céleste facilement...

La confusion me poussa à poser la seule question qui me passa par l'esprit à voix haute tandis que je me tenais debout sur mon pod qui flottait sur la surface de l'eau.

Dans quoi je m'étais encore fourré ?

Malgré ce que je venais de voir, je ne m'attendais pas du tout à une réponse sur le coup et quand j'entendis une voix dans mon dos, je manquai de tomber du pod.

"Tu t'es fourré dans le lac Bo-Woom, terrien. Maintenant viens voir par là qu'on te sorte d'ici, ces messieurs doivent encore pêcher le vrai vaisseau."

En me tournant vers la voix, je suis encore tombé sur une surprise et, même si je ne le savais pas encore, ce n'était clairement pas la dernière : au milieu de tout ces hommes à la peau bleue entrain de travailler sur la récupération de mon pod de sauvetage, cette femme qui était bel et bien humaine dans ce monde extra-terrestre... Mais mon impression sur le coup était bien différent. Pas une humaine, loin de là, une ange qui m'apportait le salut et sa main tendue était irrésistible sur le coup, sa longue chevelure blonde semblait flotter dans les airs en concordance avec les vagues de ce lac dans lequel je me suis malencontreusement retrouvé. Une fois à bord de leur navire insolite, du moins insolite pour moi, l'illusion prit aussitôt fin : j'entendis le cliquetis d'une arme dans mon dos et je n'avais pas d'autre choix que de lever les mains en signe d'abandon, me rendant rapidement compte que mon sauveur était aussi celle qui pointait cette arme sur moi.

Elle m'avait sûrement prit pour un envahisseur quelconque, ou peut être même un espion et, dans le meilleur des cas, un immigré qui voulait seulement s'échapper de son monde dirigé par un tyran ou autre seigneur extra-terrestre... Mais cette idée fut rapidement délaissée pour une simple et bonne raison, voir deux : son apparence était trop proche de celle des humains et elle m'a reconnue comme étant un terrien du premier coup. Je n'eus pas de réponse à ma question au début et, après quelque secondes, la femme qui marchait juste derrière moi (et qui pointait toujours une arme à mon dos) m'expliqua qu'elle n'était pas vraiment une Kree elle-même, du moins pas entièrement. De là, il m'était facile de déduire que cette femme fatale était sûrement une sorte d'hybride, la question résidait pourtant des circonstances de sa naissance ou bien de son arrivée ici... Questions auxquelles je n'aurai pas de réponses avant un moment.

Le reste de notre petit trip en direction de l'un des bâtiments les plus imposants que j'ai jamais vu de ma vie se fera dans le silence absolu. Le chemin pour atteindre l'infrastructure était en lui-même plutôt remarquable : des dizaines de statues ornaient chaque côté du chemin, représentant des hommes se tenant droit dans un uniforme surmonté d'une capuche qui recouvrait une partie importante de leur visage. Je ne pouvais pas m'empêcher d'être fasciné par cela et je pense que l'impression que je donnais d'un enfant qui découvre le monde qui a poussée mon interlocutrice dont je ne connaissais toujours pas le nom à parler à nouveau pour me dire que les personnes représentées par ces statues sont les Accusateurs, l'équivalent de la police et de l'armée de l'Empire Kree. Le nom Accusateur ne m'était absolument pas étranger étant donné qu'il s'agissait là de la qualification de mon correspondant Kree, enfin le correspondant Kree de Jonathan Heller, je n'avais pas vraiment de contacts en dehors de la Terre pour ma part... Ou même en dehors de mon quartier mais passons. Pour tenter de raisonner avec la jeune fille qui me tenait captif, j'ai essayé de lui expliquer que je devais rencontrer Nedwyn, un Accusateur qui connaissait très bien l'homme qui m'avait envoyé ici pour justement que je vienne à sa rencontre.

La mention du nom de ce Kree en particulier me valut une petite bousculade suivie de l'apparition spontanée du canon de l'arme sur mon front tandis que la jeune femme se précipitait de me poser plusieurs questions que je ne pus suivre du premier et coup et c'est en voyant mon expression qui montrait plus de confusion que de peur qu'elle reprit le chemin de la même façon que tout à l'heure, sans trop forcer sur le sujet. Une fois à l'intérieur du bâtiment, la présence de tout ces Accusateurs était soudainement étouffante. Ils étaient presque solennels il y a quelque secondes sous la forme de statues massifs et silencieux mais une fois à l'intérieur, je me rendis rapidement compte qu'ils n'étaient pas différent des humains au niveau de l'organisation. Après quelques minutes de marche, on arriva enfin dans une aile un peu perdue de l'infrastructure où étaient assis et menottés des aliens qui n'étaient clairement pas des Kree et c'est seulement après une brève discussion avec la personne de l'autre côté du comptoir que la jeune femme me révéla qu'ils allaient essayer de me renvoyer chez moi le plus tôt possible.

La révélation me poussa à me débattre subitement. Je n'étais clairement pas venu jusqu'ici pour repartir de cette façon, encore moins à cause d'une erreur d'organisation de la part de mes hôtes qui ne savaient même pas que j'étais censé être leur invité. Après avoir difficilement renversé la femme, deux autres Kree en uniforme me tombèrent dessus afin de me paralyser au sol, prononçant des mots que je ne pouvais pas vraiment comprendre, après tout on ne m'avait même pas apprit deux trois mots du Kree avant de m'envoyer ici. J'étais prêt à maudire tout aussi bien ces bonhommes bleus que les scientifiques qui m'ont précipités ici sans me préparer pour quoi que ce soit mais je fus interrompu par le fait que je ne sentais plus le poids de deux hommes massifs sur mon corps, me permettant de me relever malgré le choc initial. Une fois debout, je me retrouvai nez à nez avec un troisième homme en uniforme qui ne portait pas sa capuche mais dont la cape était orné de plusieurs traits qui le distinguaient des autres, sûrement un haut-gradé au sein de l'organisation des Accusateurs... Mais cela n'avait pas d'importance, je me devais de rapidement fuir d'ici et retrouver Nedwyn étant donné qu'il était sûrement le seul capable de me sortir de cette situation... Mon seul obstacle pour le moment était cet homme bleu qui mesurait presque deux mètres et pourtant je ne pouvais pas baisser les bras maintenant et je débutai ma charge sans hésitation.

J'étais complètement renversé et je n'ai même pas remarqué comment je me suis retrouvé allongé sur le dos. C'est après cet instant de manque de lucidité que je me suis rendu compte que l'Accusateur en face de moi était responsable de ce qui venait de m'arriver et pourtant je n'avais rien vu venir. Mais la grosse main qui m'était à présent tendue était bien visible et, après m'avoir aidé à me redresser, la personne à qui appartenait cette main s'adressa enfin directement à moi au lieu de juste m'envoyer voler dans tout les sens.

"Tu as du coeur petit mais nous aurons tout le temps de visiter Hala plus tard, après tout on vient seulement de se rencontrer."

L'homme que je recherchais était en réalité celui que j'ai failli renverser afin de m'échapper d'ici et, dans un élan d'ironie, d'essayer de retrouver sur une planète que je ne connaissais ni d'Adam ni d'Eve. La réaction de la jeune fille était plus que satisfaisante, la voir aussi surprise me confirmait qu'elle n'était pas une sorte de robot tueur et qu'elle avait d'autres expressions que son visage stoïque. Une fois debout et de nouveau apte à marcher, Edwyn me fit signe de le suivre et j'avais pas besoin d'un double-check pour m’exécuter, les autres Accusateurs et la blonde semblaient soudainement plus coopératifs pour me laisser passer.

"Alors raconte moi ce qui s'est passé durant ton arrivée. J'ai cru comprendre que ton vaisseau s'est écrasé... Je devrais peut être rajouter des cours d'aviation à notre programme."

"Je ne sais pas piloter de base, le Vanguard était en pilotage automatique mais... Disons que j'ai eu un soucis d'organisation je dirais." Je ne voulais pas rentrer dans les détails et Edwyn avait visiblement capté mes intentions et changea de sujet.

"D'accord, d'accord... Alors, qu'est ce que tu penses de Hala pour le moment ? Belle planète, n'est-ce pas ?"

"Le ciel est magnifique."

"Pour avoir vu le ciel de la Terre, je peux confirmer tes dires Vance."

"Vous avez déjà été sur Terre ?" Je ne pouvais pas cacher ma surprise sur le coup, j'étais réellement intrigué par cela. Certes notre Terre était pratiquement devenue un hub pour toute races extra-terrestres, bienveillantes ou non, mais disons qu'en dehors de mon écran je n'ai jamais eu l'occasion d'en voir un... Jusqu'à aujourd'hui.

"Laissons cette histoire pour une prochaine fois, veux-tu ? Nous sommes arrivés."

En effet, nous étions enfin en face d'un autre bâtiment assez imposant mais cette impression ne me venait pas de la hauteur du bâtiment non, plutôt du fait que celui-ci possédait une arrière cour énorme. Après quelque secondes d'attente devant les portes des lieux, celles-ci s'ouvrirent lentement mais sûrement par le biais des efforts de deux personnes depuis l'autre côté. C'est à leur manières et à leur accoutrement que j'ai déduis qu'il s'agissait de domestiques qui travaillaient pour le maître des lieux qui n'était autre que mon correspondant Kree.

Tandis que je suivais Edwyn, je remarquai seulement maintenant que mes pas étaient de plus en plus lourd et ma respiration était plus difficile qu'il y a un moment. Pendant une fraction de secondes, je me suis imaginé un scénario dans lequel Edwyn n'avait pas de si bonnes intentions en fin de compte et c'est pourquoi quand il se retourna pour remarquer que je traînais un peu plus loin derrière, mon coeur a cessé de battre pendant une seconde. Sa réaction quant à elle m'a rassurée : il a commencé à sourire avant de revenir sur ses pas afin de me faire remarquer que la gravité de Hala était supérieure à celle de la Terre et je ne l'ai sûrement pas remarqué jusqu'à maintenant à cause de l'adrénaline.

Les deux domestiques de l'entrée me présentèrent à mes quartiers : une chambre rien qu'à moi assez bien meublé et le lit semblait particulièrement confortable. Je ne sentais même plus mon corps une fois étalé sur le lit et, au lieu de tomber dans un sommeil profond, je fixai le plafond pendant quelque secondes avant d'entendre une voix à ma porte et je n'avais pas besoin de tourner ma tête dans cette direction pour entendre Edwyn m'annoncer que notre travail allait commencer dès de demain et que je devrais profiter de cette nuit car je ne connaîtrais pas cette paix les nuits qui arrivent à cause de ce qui m'attend. Son rire résonna un instant dans le couloir et ses mots étaient le dernier de mes soucis à présent car tout ce que je voulais à cet instant c'était de fermer les yeux et de ne plus penser à rien.

Le lendemain me foudroya et pour tout vous dire, je n'étais clairement pas prêt.

Même si je n'étais pas une personne en manque d'activité physique à cette époque, le programme d'entraînement que Edwyn m'imposa n'était clairement pas fait pour un être humain normal et j'aurais dû le remarquer durant l'échauffement qu'il m'imposa au préalable qui était lui-même constitué de plusieurs exercices. Je ne pouvais pas vraiment me lamenter sur mon sort, j'ai accepté tout ce qui m'arrive actuellement et je n'avais pas d'autre choix que de surmonter chaque épreuves sur mon chemin même si le prix était la sensation dans mes bras et jambes chaque soirs.

En ce qui concerne l'entraînement en lui-même, d'apparence il s'agissait de quelque chose d'assez simple : du footing suivi de séances de sprint, des pompes, des tractions, enfin rien qu'une personne normale ne pourrait pas faire en théorie... Seulement, les conditions étaient différentes. La gravité de Hala et la quantité de travail qu'Edwyn me demandait dans un temps défini rendait tout cela beaucoup trop difficile à accomplir normalement mais en un mois seulement je sentais mon corps s'adapter peu à peu aux conditions de la planète et mon corps se transformait pour peu à peu ressembler à quelque chose qui pourrait servir de passeport pour le lit de certaines filles de retour sur Terre...

Enfin, même durant mon temps libre, je n'avais généralement pas le temps libre et encore moins pour ce  genre de fantaisies. Edwyn m'en apprenait plus sur la langue Kree et sur Hala en général durant mes périodes "calmes", celles qu'il m'imposait pour éviter que mon corps décide d'abandonner et arrête de fonctionner. J'ai rapidement compris que malgré sa beauté extérieure, Hala était bel et bien un empire autoritaire dirigé par quelque chose qui n'était même pas vivant : le Supremor. Le Supremor, ou l'Intelligence Suprême, était une forme de vie artificielle crée par les Kree il y a de cela des millions d'années pour subvenir aux besoins des Kree... Comme par exemple leur fabriquer un Cube Cosmique. Enfin, on avait pas vraiment besoin de rentrer dans les détails à son sujet car après tout je ne risquais pas de le rencontrer une seule fois durant mon séjour... Et j'étais étrangement soulagé par cela.

De temps en temps, j'eus l'occasion de visiter Kree-Lar seul sous la demande d'Edwyn. Je n'avais pas demandé cela spécifiquement, je me sentais beaucoup mieux à rester allongé chez lui à me reposer pour le lendemain mais mon hôte était insistant et je ne pouvais pas lui dire non après ce qu'il a déjà fait pour moi. C'est durant l'une de ces "promenades" que j'ai à nouveau croisé la blonde qui m'a accueillit sur sa planète à même pas cent mètres de la résidence d'Edwyn et à peine tombé dans son champ de vision qu'elle débuta sa charge en ma direction, me poussant à battre retraite aussitôt mais à quoi bon ? Malgré mon entraînement intensif, j'étais toujours un humain et elle me rattrapa malgré mes efforts, m'incitant aussitôt à revenir sur mes pas. Une fois en face de la résidence, nous n'eûmes pas de réponse des domestiques qui ouvraient généralement les portes en moins d'une minute et par impatience, j'ai décidé d'utiliser les doubles des clés qu'Edwyn m'avait donné à mon arrivée. La résidence était étrangement silencieux mais quelque chose faisait du bruit à l'étage et, dans le silence, nous avançâmes en cette direction jusqu'à la chambre de l'Accusateur et... Je compris aussitôt pourquoi Edwyn m'envoyait visiter la capitale seul au moins une fois par semaine.

En moins d'une seconde suite à l'ouverture de la porte, une femme à la peau bleue puis deux et enfin trois, recouvrant leurs parties sensibles avec des vêtements ou bien un drap se ruaient en dehors de la chambre alors qu'Edwyn leur courût derrière pour tenter de les arrêter mais abandonna une fois à la porte. La réaction de la blonde était instantanée : elle réprimanda l'Accusateur pour m'avoir laissé quitter les lieux seuls pour qu'il puisse se faire plaisir tandis que l'homme se contenta de l'écouter avec une mine abattue. Pour ma part, je n'en voulais pas du tout à Edwyn pour ce qu'il avait fait et je pouvais le comprendre, se faire chier à former un humain pendant toute la semaine et rien d'autre ? Jamais de la vie. C'est seulement après une bonne dizaine de minutes que j'ai enfin appris la raison de la présence de Lucia ici : elle était venue pour annoncer que le Psyche-Magnitron était prêt à l'emploi et c'est à cet instant que tout les regards se posèrent sur moi.

Le Psyche-Magnitron... Cela faisait deux fois que j'ai entendu ce nom à présent. La première fois, c'était quand Jonathan Heller m'a révélé des informations au sujet de Captain Marvel, comme quoi ses capacités étaient issues de cette machine mais sans m'en dire plus à son sujet et à cet instant, on me révéla qu'il s'agissait de la "clé de voûte" du Projet Marvel. Suite à quoi, Edwyn m'expliqua en détails son fonctionnement : il s'agissait d'un engin qui existait depuis longtemps au sein du laboratoire de l'Intelligence Suprême qu'il avait auparavant utilisé pour effectuer des modifications génétiques à l'échelle subatomique. Le Psyche-Magnitron a plus tard été utilisé pour faire muter des Kree tel que le légendaire Mar-Vell ou bien même un être humain, Carol Danvers, pour qu'elle obtienne les capacités du Captain Marvel original. Je n'avais pas besoin d'une invitation pour savoir quoi faire à présent et je me suis juste contenté de me diriger tranquillement vers ma chambre pour me préparer le plus rapidement possible, laissant Edwyn et Lucia se préparer de leur côté. Je n'arrivais pas à comprendre ma surprise sur le coup, je ne pouvais pas être un super-héros sans super-pouvoirs et pourtant... Quelque chose m'avait alarmé ce jour là, quelque chose qui était sans que je le sache une partie intégrante de toute ma vie.

Le chemin pour atteindre le palais-laboratoire du Supremor était long et c'est pendant ce temps que j'ai fais de plus amples connaissances avec Lucia Silverstein. Malgré les apparences, elle n'avait que deux ans de plus que moi mais cela était sans réel importance comparé au vif du sujet qui n'était autre que les circonstances de sa naissance et ses origines. Même pour un homme comme moi qui n'était pas particulièrement intéressé par le monde de la science, le nom Vanessa Silverstein me disait quelque chose car cette scientifique autrichienne, qui était aussi la mère de mon interlocutrice, avait quitté la Terre pour rejoindre Hala afin de travailler avec eux sur plusieurs projets scientifiques il y a de cela plus d'une vingtaine d'années. Sa présence était initialement mal vue des Kree mais peu à peu même les hommes bleus sont parvenus à presque la considérer comme l'une des leurs. Le père de Lucia est un politicien mineur de Hala, un certain Ey-Mayje et malgré leurs personnalités assez différentes, la terrienne et le Kree se marièrent et eurent un seul enfant : la jeune Lucia, la première hybride Kree-Humaine née naturellement. Son enfance n'était pas différente de celui d'un autre enfant vivant sur Hala, elle était considérée comme une Kree à part entière en plus d'être la fille d'un Kree avec un nom prestigieux. Malgré le fait que sa réelle passion résidait dans la politique, elle s'intéressait de temps en temps au travail de sa mère et ce assez pour m'en expliquer les grands thèmes : il s'agissait des Pierres de Lune Kree, des artefacts aux propriétés gravitationnelles très étranges qui, si synthétisés, avaient des propriétés miraculeux sur le métabolisme des êtres vivants. Enfin, tout ce que je pouvais dire sans hésiter au sujet de Lucia c'est qu'elle savait être intéressante.

Même si le restant du chemin s'est passé avec de la discussion sans importance entre elle et moi, je ne pouvais pas m'empêcher de comparer ma situation à celle de l'humaine assise en face de moi car dans un certain sens, nous étions tout les deux des enfants nés avec un destin qui nous liait plus à cette planète qu'à la Terre. La conversation s'éteignit rapidement et le restant du chemin se déroula en silence.

Le palais du dirigeant du peuple Kree était tout sauf banal : la structure était constituée de géométrie qu'on ne pouvait que définir par le mot alien. Les colonnes constituant l'architecture extérieure se courbaient vers l'avant à partir d'une certaine hauteur, comme si le palais s'ouvrait au monde entier tandis que le reste du bâtiment était seulement constitué d'une sphère énorme qui était sûrement la seule partie du palais qui était était réellement un bâtiment. Venir jusqu'ici était une chose d'après Lucia car les personnes non conviées étaient interceptés à moins de 100 mètres carrés du palais et mis en garde à vue par une escouade dirigée par un Accusateur, mais entrer dans le palais était tout une autre histoire... En effet, les dizaines de procédures que nous avons du suivre ont pris plus d'une heure sans compter la demi-heure de paperasse que l'on m'a imposé en plus étant donné que c'était ma première venue ici. Une fois à l'intérieur, je compris enfin pourquoi une grande majorité des personnes ayant déjà visités les lieux appellent ce palais le laboratoire.

Le hall d'entrée sembla ordinaire au début, les murs furent ornés de peintures et la décoration fut en général une façon de se remémorer de l'histoire du peuple Kree d'après les réponses de Lucia à mes questions mais dès la prochaine salle, l'illusion fut vite dissipée. Le couloir qu'on emprunta ensuite me rappela énormément ma visite de la Zone 52 il y a de cela presque un an, les couloirs furent remplis d'hommes et femmes en blouses blanches, tous bien trop concentrés sur quelque chose de particulier pour nous accorder un seul coup d'oeil alors que nous avançâmes vers notre destination sans perdre de temps par ici. Une fois dans la salle principale, je posai le regard sur toute ces machines qui semblaient aussi menaçants que fascinants dont une qui attira particulièrement mon regard avant d'enfin remarquer sa présence... Ce qui n'était clairement pas tâche difficile. Je fis donc la connaissance de Supremor malgré le fait que Edwyn me dit que je ne risquai pas de le rencontrer et, même si je ne m'attendis clairement pas à voir un Kree ordinaire, une entité énorme sans bras ni jambes reliée au plafond du tube gargantuesque qui maintint son corps en suspension dans un liquide incolore. Nous n'eûmes aucunes introductions avant que l'Intelligence Suprême ordonna à ses scientifiques de préparer la machine, donnant les directives assez rapidement et ce même si ses hommes eurent quelques difficultés à les suivre au début. L'un des scientifiques vint à moi pour me demander de me déshabiller afin d'enfiler la combinaison qu'on me fournit aussitôt et je m’exécutai sans attendre, revenant dans la salle principale après une minute de préparation. Aussitôt de retour, l'Intelligence Suprême Kree s'adressa directement à moi, ses yeux énormes se posèrent sur ma personne pour me suivre du regard alors qu'il me demanda d'avancer pour me placer dans la machine. Jusque là, tout fut bien trop facile, je me contentai de me placer dans le Psyche-Magnitron, on referma quelques sangles mécaniques sur mes chevilles et poignets avant d'enfin effectuer les dernières vérifications. Quand tout fut confirmé comme fonctionnel, tout le monde s'éloigna de la machine imposante tandis qu'un dôme presque translucide s’érigea à présent autours de moi.

Je ne pus qu'attendre après cela, mon regard focalisé sur les silhouettes que je ne pus distinguer correctement à cause du dôme alors que la voix du Supremor résonna encore pendant une bonne minute durant ses dernières vérifications. Après quoi, cette voix sembla soudainement à l'intérieur du dôme et s'adressa à moi directement pour me poser quelques questions pour connaître ma situation actuelle même si je doutai réellement du fait qu'on me laisserait filer si j'annonçai que j'avais un mauvais présentement, donc je me contentai de répondre positivement à toute les questions. Suite à cela, le silence pesa pendant quelques secondes, juste assez pour me faire croire à un problème technique qui aurait survenu à l'instant mais la présence soudaine d'étincelles autours de moi me fit me concentrer à nouveau sur ma situation tandis qu'au même moment, la voix de l'Intelligence Suprême débuta un compte à rebours qui, sur le coup, sembla interminable en raison de la tension montante aussi bien figurativement que physiquement... En effet, les étincelles n'en étaient plus vraiment et des traînées de foudre se propagèrent presque partout dans le dôme depuis la machine et quand l'une d'entre elles s'approcha un peu trop dangereusement de moi, la surprise fit que je n'entendis pas la fin du compte à rebours et la douleur qui s'ensuivit fut immense.

Le Psyche-Mangitron déversa soudainement en moi une quantité astronomique d'énergie étrange, mes cris furent étouffés par le flux lumineux qui, par le biais de la sonoluminescence, sembla hurler encore plus fort que moi. Ce qui me surprit le plus sur le coup ce n'était pas le fait que je connaisse cette notion de physique mais ma lucidité durant le processus de fonctionnement de la machine qui sembla faire entrer chaque molécules de mon corps en combustion constante. En dehors de la douleur insupportable, la sensation fut elle aussi indescriptible, j'eus l'impression que mon esprit quitta à plusieurs reprises mon corps comme pour s'étendre partout autours de moi dans une impression d'extrasenseur qui me permit étrangement d'attribuer un goût et une odeur à tout ce que j'entendis et vus pendant de courts instants et après que ce processus se répéta deux trois fois, je sentis quelque chose se réveiller en moi. En clignant des yeux, je me retrouvai dans le vide absolu de l'espace, entouré d'une centaine de millions... Non, milliards d'étoiles et pendant un moment, ce que je fis n'avait pas d'importance. Je me laissai errer dans l'espace, je ne recherchai pas quelque chose de particulier et pourtant quelque chose en moi hurlait pour que je continue d'avancer, quelque chose que je ne pourrai ignorer même si je le voulais, quelque chose de bien trop grand pour moi ou quiconque d'ailleurs mais je ne m'en plaignis pas. La sensation se renforça de plus en plus alors que j'avançai et c'est seulement quand ce sentiment semblait battre aussi fort qu'un coeur que je me sentis comme aspiré ailleurs, vers là où je venais. La sensation qui s'en suivit fut atroce, comme si on arrachait un nouveau-né des bras de sa mère, comme si on brûlait la maison d'un homme qui y a passé toute sa vie mais aussitôt venu qu'elle se fit oublier une fois que j'ouvris les yeux.

Je me retrouvai visiblement à nouveau dans la grande salle de l'Intelligence Suprême mais quelque chose semblait différent... Le plafond n'était pas aussi proche la dernière fois et ne s'éloignait pas à toute vitesse quand je remarquai ce détail. Le choc fut rude mais sans plus, l'information à prendre en compte c'est que je venais de survivre à une chute de plus de quarante mètres avec juste une petite douleur à l'arrière du crâne. Il ne m'a pas fallut beaucoup de temps pour me rendre compte que pendant ma transe cosmique, j'étais entrain de voler inconsciemment et cette information fut suffisante pour tout le monde, même l'Intelligence Suprême initialement sceptique à cette idée, afin de confirmer que l’expérience fut un succès. Après quelques vérifications post-test, la liberté s'offrit enfin à moi. Le chemin du retour fut assez calme malgré la situation et je discutai de ce que je pouvais et ne pouvais pas faire avec mes nouveaux pouvoirs. Théoriquement, je connus déjà l'étendu de mes capacités par le biais des explications de Jonathan Heller mais, plus tard dans la journée, je ne pus exercer tout les pouvoirs du Captain Marvel. Edwyn en théorisa que je devais encore affiner ma maîtrise avant de pouvoir bouger des lunes avec mes mains tandis que Lucia douta de cette théorie, pensant que je devais techniquement avoir accès à toute ma panoplie de pouvoirs et que le problème venait sûrement de moi. Quoi qu'il en soit, je me devais de continuer ma formation pour savoir utiliser ce que j'avais déjà.

Quitte à recevoir les moqueries de Lucia à ce sujet, j'ai dus admettre que je ne savais pas encore voler malgré le fait que j'ai réussi à le faire la première fois et ce inconsciemment. Outre cela, j'avais tout de même accès à une panoplie de super-pouvoirs auxquels j'ai encore du mal à m'adapter aujourd'hui : une super-force, une super-endurance, une super-vitesse, une super-agilité et cetera... Mais tout cela pas du tout au même degré que mes "prédécesseurs". En effet, je ne pouvais exercer qu'un degré limité de toute mes capacités physiques et c'est à peine si j'avais un contrôle sur tout le reste mais cela n'avait pas d'importance... Maintenant que j'étais physiquement supérieur à mon instructeur, il se contenta de m'attribuer un nouveau partenaire que je ne connaissais que trop bien et qui pouvait me tenir plus facilement tête : Lucia Silverstein. C'est dans ce contexte que j'appris qu'elle fut le sujet d'un implant de Pierre de Lune sur laquelle travaillait sa mère, un implant qui lui a sauvé la vie étant donné que la pierre a purgé une maladie extrêmement mortelle pour les Kree de son corps : la Peste de Betath. Elle m'expliqua aussi que son salut n'était pas seulement dû à la pierre mais aussi au fait que son côté humain était bien plus résistant à la maladie et de ce fait, un Kree ordinaire serait mort dans sa situation.

J'avais un respect nouveau pour Lucia et je regrettai en quelque sorte d'avoir comparés nos vies, après tout la mienne a toujours été paisible... La sienne ? Disons que perdre sa mère récemment sur une planète qui lui est aussi étranger que familier tandis qu'avoir un père absent n'était pas chose facile, rajouter à cela une maladie grave qu'elle supporta pendant la majeure partie de sa vie en était une autre. Malgré tout, elle tenait toujours debout aujourd'hui et était sortit de ces épreuves bien plus résiliente que beaucoup d'autres et... Je pouvais respecter ça, je ne sais vraiment pas ce que j'aurais fais à sa place. Je pense que c'est à partir de ce jour que notre relation s'améliora, certes elle continua de m'appeler "Marvel" ou bien "Terrien" mais je n'y accordai que très peu d'importance après tout, elle n'était pas la seule à pouvoir jouer à ce petit jeu.

Mon nouveau quotidien fut bien plus intense que le précédent, mes entraînements devinrent bien plus techniques, constitués de beaucoup plus de pratique. Nos combats avec Lucia furent intenses et causèrent des dégâts non-négligeables, c'est pourquoi Edwyn nous trouva un terrain vague qu'on utilisa pour le restant de mon entraînement sur Hala. Malgré le fait que j'assimilais vite ce que nous enseigna Edwyn, je ne pouvais qu'admettre que Lucia avait une meilleure appréhension de ses pouvoirs que moi et de ce fait, nous étions à jeu égal pour la plupart du temps. Deux autres mois passèrent de cette façon et, même si je m'étais habitué aux mises à jour du S.H.I.E.L.D. que me transmis Edwyn à chaque occasions, celui qui arrivait fut pour moi le plus difficile à avaler et surtout, la raison de mon départ précipité de Hala.

Notre combat du jour sembla toucher à sa fin, j'étais parti pour obtenir la victoire jusqu'à qu'Edwyn pointa le bout de son nez avec son disque holographique en main. C'était la distraction dont Lucia avait besoin pour retourner la situation en sa faveur et je me retrouvai sur le dos en dessous de mon adversaire jusqu'à que Edwyn se pointa près de nous pour me refiler le message du S.H.I.E.L.D. auxquels je m'étais déjà habitué depuis tout ce temps. Je n'avais aucune raison de me lever mais Lucia était un peu trop à l'aise à mon goût, un coup d'oeil lui a suffit pour qu'elle se relève et c'est seulement à ce moment-là que je lançai le message, allongé confortablement.

Ce qui me poussai à me redresser sur le coup c'était de voir une personne qui se présenta sous le nom de Ronald Coulson, un des agents de confiance du "défunt" Jonathan Heller... J'étais pas vraiment prêt pour cette information, Jonathan m'avait marqué d'une façon que je ne pouvais pas vraiment décrire malgré le fait que je l'ai connu seulement quelques mois. Après une réflexion assez brève, je reposai mon attention sur le message de l'agent Coulson qui m'expliqua que d'après les données fournis par Edwyn, j'étais prêt pour rentrer au bercail, surtout que même si je ne l'étais pas, j'aurai sûrement voulu rentrer pour voir mon père une dernière fois.

Le message eut du mal à passer sur le coup, j'avais besoin de revenir quelques secondes en arrière pour assimiler l'information mais avec le reste de l'enregistrement, je compris que mon père était malade depuis mon départ et que même si ce n'était pas si grave au début, son état s'est empiré au fil du temps au point d'en devenir critique. Je n'avais pas besoin d'entendre le reste du message de l'agent Coulson, il s'agissait sûrement de condoléances et autre vœux de bien-être et je n'avais pas vraiment besoin de ça, tout ce dont j'avais besoin à cet instant c'était du temps et du calme, chose que Edwyn et Lucia avaient visiblement compris quand j'entendis les bruits de pas de mes deux camarades.

Je n'utilisai pas mon temps de réflexion pour décider si oui ou non je voulais rentrer, la réponse était évidente mais j'avais tout de même besoin d'un peu de paix après tout ce qui venait d'arriver. Je me suis laissé prendre par le courant de bizarreries qui s'est abattu sur moi il y a un peu plus d'un an maintenant et je ne me suis jamais arrêté pour reprendre mon souffle ou bien songer une seconde à ma situation... J'ai formulé des idées qui m'ont encore plus enfoncés, car après tout si ma présence aurait pu changer quelque chose à la situation de mon père... Enfin, je me suis vite rattrapé dans mon élan. Le Vance d'avant se serait lamenté sur son sort mais après tout ce qui s'est passé, j'ai appris une chose : le monde est vaste, bien plus vaste que la Terre et certaines choses ne pouvaient simplement pas être changés.

Le reste de mon temps sur Hala n'était plus aussi passionnant, je passais de moins en moins de temps à m'entraîner et plus de temps avec Edwyn pour accomplir les procédures d'obtention d'un vaisseau pour mon retour et, malgré leur politique, l'Intelligence Suprême fit en sorte que j'obtienne ce que je voulais dans le plus bref des délais et je ne sus jamais pourquoi il avait décidé de m'aider cette fois, peut-être que je ne le saurai jamais mais peu importe, en seulement deux semaines j'avais un nouveau vaisseau opérationnel (et bien meilleur que celui qui m'a ramené ici) qui, à ma grande surprise, était équipé d'un I.A. bien particulier... Celui qui m'a accompagné jusqu'ici, Vanguard.

Les adieux n'en étaient pas vraiment, Edwyn et Lucia surent aussi bien que moi qu'on allait se revoir un jour et mon mentor me promit de me raconter ses péripéties sur Terre aux côtés de Jonathan Heller, une histoire que j'ai encore bien l'intention d'écouter et Lucia se contenta d'essayer de sembler formel malgré la situation et on savait tout les deux qu'elle ne l'était pas, mais bon elle pouvait garder son image si cela l'arrangeait, je ne lui en voulais pas. Le lendemain, pour mon départ, je fus le seul présent sur les rampes de décollage de Kree-Larr pour rejoindre mon vaisseau tôt dans la matinée. Les adieux n'ont jamais été mon truc, j'ai toujours eu du mal à supporter l'ambiance créer par le fait que les deux partis risquaient de ne plus jamais revoir l'autre donc je me précipitai pour décoller d'ici en écoutant Vanguard exprimer sa joie de me retrouver, un fait qui était étrangement réciproque.

C'est quelques instants avant mon décollage que j'entendis quelque chose toquer à mon cockpit et, en levant la tête, je vis d'abord la chevelure platine de la personne qui semblait avoir volé de toute ses forces jusqu'ici pour ne pas rater son vol en direction de la Terre.

À cet instant, j'ai compris que j'étais loin d'en avoir finis avec cette femme et, dans un sens, j'en étais rassuré.