Paris, 18ème arrondissement.
21 heures pétantes.

A cette heure-ci, les gens normaux s'apprêtent à aller dormir. Mais "XIII", lui, veille et prend soin de son duo de pistolets comme d'un membre de sa famille. Il avait laissé Martha toute seule depuis maintenant quelques mois, pour éviter de la mêler à ses histoires personnelles et datant de même avant cette amnésie. Tout seul au fond de son taudis d'appartement, sa seule lueur d'espoir était le mégot ardent de sa cigarette, dont la fumée s'élevait jusqu'au plancher. L'heure à laquelle tout le monde agit de façon normale, il n'y a pas que "XIII" qui semble la passer à contre-courant. Quelqu'un approchait, montait les escaliers et faisait vibrer le sol à chacun de ses pas. Non, il n'était pas seul mais accompagné.


"XIII" n'était pas dupe, et encore moins sourd. Lorsque le groupe de mafieux armés jusqu'aux dents défonça la porte jusqu'à se frayer un passage au sein de l'appartement, ils trouaient les lieux à l'aide d'une vague de projectiles, dont le seul bruit suffisait à faire trembler la salle. Après vérification, il n'y avait ni corps ni même trace de "XIII", comme s'il avait disparu avant. L'un des mafieux, sans doute le plus intelligent, se ruait vers la fenêtre ouverte, pile au bon timing pour apercevoir le pied de "XIII" prenant appui sur la façade afin de rejoindre le toit. A partir de là, ils se séparaient en deux groupes de deux pour le coincer efficacement, un des tandems partant sur le toit, l'autre redescendant pour boucler la rue. Celui dictant le plan avait l'air de comprendre comment réfléchissait "XIII", l'ayant déjà vu à l'oeuvre. Le mercenaire amnésique courait sans retenue sur les toits, poursuivis par le duo qui débuta déjà les hostilités à partir de tirs de sommation. Les balles fusaient ici et là, s'écrasant dans les tuiles ou dans les paraboles derrière lesquelles se cachaient "XIII" par moments. Il s'apprêtait à vouloir riposter, sa main descendant jusqu'à sa ceinture. Rien. Rêvant de les arroser comme au tir à pipes, il avait oublié le fait d'avoir perdu son pistolet en sautant de toit en toit. Tout-terrain qu'il est, il descendait en rappel sur la façade arrière du dernier des bâtiments, pour ainsi rejoindre la ruelle sombre et étroite.


La voix lui était familière. "XIII", se pensant en sécurité une fois sur la terre ferme, se retournait sans tarder en direction du duo chargé de boucler cette rue-là. En effet, il s'agissait bien du même mafieux qui avait liquidé Abe et Sally, il y a de cela quelques mois auparavant. Du même accent russe qui voguait sur ses lèvres comme une bouteille de naufragé sur la mer. De la même tête patibulaire souriant en sa direction comme réjouit de l'avoir enfin débusqué.


"XIII" savait que cette minute était la dernière qu'il avait à passer en vie. Alors, conscient de la situation, il fermait les yeux pour la dernière fois. Les coups de feu résonnaient, au nombre de trois.

C'était plus que suffisant pour prendre la vie d'un homme. Les secondes passaient et Dieu n'avait finalement pas encore voulu de "XIII" au paradis. Lorsqu'il rouvrit les yeux, le duo de mafieux était au sol, les vêtements immaculés de sang frais sortant de leur blessure par balles. Derrière eux, un trio composé d'hommes en costard chemise, dont l'un fumait. Tirant une latte en adressant un bref regard aux corps au sol, son attention était finalement obtenue par "XIII", alors qu'il bougeait ses lèvres:


"XIII" les regardait avec surprise, il ne savait pas vraiment s'il devait les remercier ou s'enfuir sous peine de risquer encore de plus gros ennuis. Il n'eut finalement pas le temps de faire ceci, que les deux subalternes se jetaient sur lui. L'un le menotta tandis que l'autre lui forçait à ouvrir la bouche, vérifiant à l'aide d'un rayon s'il n'avait pas de pastille à cyanure dans une dent creuse. Le bridé l'ayant menotté l'emmenait jusqu'à dans une voiture, partant directement dans une direction voulue. Où précisément ? Ce n'est pas "XIII" qui pourra répondre à cette question, tant ses yeux fut bandés pour éviter qu'il ne le sache, bien évidemment. A son "réveil", il était assis sur une chaise confortable, en face d'un bureau occupé par un homme de son âge dont l'occupation était de fumer.


"PAF", ainsi résonnait la gifle que lui assène un garde du corps juste derrière lui. "XIII" essuie le filet de sang qui coule depuis sa bouche, en le fixant sans agir.


Par un simple contact visuel entre lui et un énième garde du corps au fond de la salle, l'homme au centre de tout réussit à faire apparaître un projecteur sur le mur de droite, là où tous les regards se dirigent quelques secondes passées.


L'image projetée donnait lieu à un bar russe, où la vie et la bonne ambiance était toutes deux abondantes. La musique résonnait partout, incitait les gens à bouger et l'alcool coulait à flots. L'une des fenêtres se brise, à l'apparition d'un homme cagoulé et armé qui fait feu sur le groupe. La totalité des personnages russes présents, qui s'avéraient tous appartenir à la même mafia en vérité, s'arme en très peu de temps afin de riposter, mais l'homme agit avec une telle rapidité et maîtrise des armes qu'il réussit à abattre tout être vivant à l'intérieur du bar en un temps record.


La vidéo se rembobine jusqu'à l'apparition du curieux tueur, fracassant le verre de la fenêtre afin de pénétrer au sein du bar. C'était assez flou, mais il ne fallait pas la meilleure vue au monde pour voir qu'il ressemblait comme deux gouttes d'eau à "XIII".


Les gardes du corps n'attendaient que l'ordre donné pour se ruer sur "XIII", qui commençait déjà à se débattre. Ne voyant qu'une fenêtre à sa droite comme seule issue, il se dégageait de l'étreinte des yakuza pour sauter par ici, retombant dans la ruelle sans laisser de trace. Les sentinelles en bas n'avaient remarqué qu'une ombre parmi les ténèbres lorsqu'ils leur avaient demandé d'effectuer leur rapport. Disparu. Personne ne sait comment il a réussi à s'en tirer, mais il leur a filé entre les doigts.