Au grand jamais, je pensais qu'il était possible que le taux de criminalité d'une ville pouvait presque atteindre 100%, et encore moins la ville où je résidais.
Toutefois, cela va vous paraître invraisemblable... Mais cela ne me dérangeait pas, pas le moins du monde. Après tout, il était là, il veillait sur nous... Il était surnommé "The Knightmare" par la télévision et il combattait pour la justice et pour enfermer les vilains dans les prisons... J'étais véritablement fan de lui,j'en rêvais la nuit... Survoler Gotham à la recherche de vilains pour les combattre... Puis, il disparut... C'est la que mon histoire commence...

> J'avais dix-huit ans, je croyais encore que cela signifiait être libre des réquisitions parentales auxquels tous les enfants devaient se soumettre. Au-delà de ça, la figure héroïque de la ville ne donnait plus de signes de vie, j'attendais devant la fenêtre de mon immeuble miteux en regardant le ciel bleu qui, rappelait qu'il existait toujours un espoir, quelque chose qui lutterait pour nous, citadins... Cette chose, c'était le justicier costumé que nous tous, espérons rencontrer un jour... Il avait disparu... J'attendais sa venue chaque soir devant ma rue, il ne passa jamais... Il avait mieux à faire, je suppose que traquer les méchants, c'est un travail nocturne à plein temps... Non ?
Les chaînes locales se mirent d'accord sur un point, elles annoncèrent que le justicier était porté disparu depuis quelques jours déjà sans que l'on comprenne... Elles ne l’annonçaient pas en même temps, mais la fréquence de cette information devint rapidement une nouvelle claire. "Que faîtes-vous...?" me disais-je devant ma fenêtre, le nez vautré contre la vitre.

> Avec le temps, nous avons retrouvé le quotidien de Gotham, celui où la moindre rue donnait une vision effrayante de la réalité dans laquelle nous nous trouvons... Pilleur, tueur, kidnappeur... Ce n'était pas un lieu propice à l'éducation d'un enfant... Je me tins devant la porte de l'immeuble, je passai mon badge devant le portique, me donnant l'accès, ma main gauche empoignait fermement mon diplôme au point de le froisser : j'étais accepté à l'université de sciences ! J'étais à la fois très heureux mais aussi d'une humeur maussade... C'était ce que je voulais vraiment ? Je rentrais chez moi tandis que j'annonçai faiblement à mes parents que j'avais été accepté à l'université. Mon père grommela en froissant les pages du journal tandis que l'assourdissant bruit des casseroles que ma mère cirait l'empêcha d'entendre quoi que ce soit. J'haussai les épaules puis j'entrai dans ma chambre, en raison de n'avoir jamais pu avoir quoi que ce soit de visuel de la part du justicier, je compensai son absence avec des posters du deuxième homme que j'admirai : le commissaire Tom Hagen dont la réputation ne faisait que croître. C'était mes deux figures spirituelles. Je voulais faire comme eux, exercer une justice et lutter contre le mal qui gangrener dans la ville. Les sciences, c'était une passion, mais ça... C'était mon rêve.

> J'ai 23 ans et j'ai pris une décision : entrer dans la police ! L'université, c'est génial ! Mais ce n'est pas ce que je veux, j'ai appris des tas de choses dans la chimie par exemple mais ce n'était pas ce que je voulais... Je voulais... Je veux servir la justice ! Et pour ça, il m'a fallu une période de deux ans, du moment où je quitte l'université jusqu'au moment où je termine mon expérience policière...

> J'ai arrêté de suivre les cours et je m'en suis totalement désinteressé, mes parents ne comprirent rien, ils pensaient que c'était toute ma vie l'université... Désolé mais je ne veux pas finir ma vie dans un laboratoire, je veux défendre ma ville bordel ! Ma mère fendit en larmes tandis que mon père me dévisagea un instant puis reprit la lecture de son journal, en prenant soin d'intégralement me cacher de sa vue. Je n'en avais rien à faire de leur avis, je veux entrer dans la police !!
Après une année de labeur, enfin... J'avais mon badge, mon uniforme et mon arme ! Je pouvais enfin exercer le métier que j'avais toujours rêvé. Beaucoup de policiers expérimentés m'avertirent en voyant mon sourire crétin que ce n'était pas ce à quoi je m'attendais... Je leur répondis que ce n'était pas important, je voulais combattre le crime, rencontrer le commissaire... Pourquoi est-ce que je ne les ai pas écoutés ? Après trois mois, la chose devint moins excitante, beaucoup de choses était vacillante ou branlante, j'essayais de corriger mais on me remit vite à ma place. Ce n'était pas quelque chose que je devais faire. Je comprenais rien, certains policiers avaient la poche gourmande, ils ne faisaient que manger toute la journée ! Attends que le commissaire les attrape !! Mais les derniers mois n'ont fait que créer chez moi un sentiment totalement opposé, celui du dégoût.

> Trois ans... Trois ans passés dans la police... C'est à mes 27 ans que je me rendis compte à quel point c'était idiot de ma part... Quelle stupide erreur, toutes les choses auxquelles je me suis consacré n'ont été que pures inepties, des années de labeur perdues à essayer de changer la donne, en vain... Ce qu'on voit et entend au sujet de la police à la radio, dans la télévision... Sont-elles vraies ?
Je m'explique... Ces trois années ont permis d'éclairer ma lanterne... Les policiers me semblaient fainéants, ils ne faisaient rien, peu d'entre eux effectuait la besogne qu'on nous assignait... Personne ne réagissait... Charles Montesto, m'avertit que côtoyer ces gens ne m'apporteraient rien de bon, je ne le connaissais pas mais au grand dame de moi, j'ai suivi son conseil avant qu'il ne meurt dans une opération de sauvetage...
Un officier peu vertueux que j'avais plusieurs fois vu dormir à son poste, se rendit dans la salle aux pièces à conviction, j'ai eu l'audace de le suivre et de m'apercevoir de sa fourberie, il venait de piocher deux paquets de produits illicites que nous avions confisqués à des malfrats en prison... Il les fourra dans ses poches et regarda un instant les casiers, l'un d'eux était ouvert... Je savais que ce n'était pas bien d'épier les gens mais que Dieu me pardonne, je devais en savoir plus... Il retira la boucle de sa ceinture, baissa son pantalon et l'échangea avec l'un disponible dans le casier, il prit soin de retirer son nom de l'étiquette qu'il arracha avec ses gros doigts. "Je préfère en avoir un propre :)" fit-il à voix basse, je n'avais pas compris à ce moment-là et j'optai pour ne jamais savoir... Il se posa sur l'une des chaises devant un bureau avec un écran allumé, il n'avait même pas finit de mettre son pantalon. Il se lécha les babines tandis que l'écran cachait ce qu'il faisait avec sa main droite tandis qu'il cliquait avec la gauche sur la souris... Je retirai mon oeil de l'antre du démon mais mes oreilles furent soumises aux gémissements de l'homme qui prenait du plaisir dans le bureau...
J'étais de garde ce jour-là... Oh ? L'histoire du type ? J'ai essayé de le dénoncer mais il fut lavé de tout soupçon et j'ai évité un tabassage... Bref, j'étais dehors, cette patrouille de nuit me suffit pour réaliser à quel point la police n'était pas du tout ce qu'elle représentait... La nuit était effrayante à Gotham, l'air en devenait étouffant, je constatai par moi-même... J'étais sur le trottoir et la ruelle d'en face n'était qu'une fois de plus, celle qui conduit à l'Enfer sur Terre... Un policier dans une longue veste marron, un chapeau baissé et une poche remplie d'une liasse de billet, la ruelle donnait lieu à un cirque des plus abjectes, trois mecs cagoulés tabassaient un type et le mirent à l'arrière d'une camionnette... Je cherchais le regard de mon partenaire des forces de l'ordre mais il le fuyait, il se mit en route tandis que les bandits quittèrent rapidement les lieux...
Pourquoi ? J'en vis un autre qui s'engouffra dans une ruelle avec une jeune fille, il semblait ivre mort malgré le repoussement de la jeune fille qui demandait à ce que le policier le laisse tranquille... Je m'arrêtai et je n'entendis rien, j'approchais doucement tandis que des bruits suspects me mirent la puce à l'oreille tandis qu'un autre policier, moins grassouillet me mit en garde, il s'en occupait ! J'étais rassuré et je pris les jambes à mon cou mais... Aucun bruit d'altercation... Simplement des "quelle pétasse !" et des "bonnes filles"...  
Bref... Des policiers véreux qui contre une liasse de billets, laissaient des menaces de Gotham sortir comme des petits pains... Un monde que j'aspirais mais qui m'a répugné plus qu'autre chose... Le commissaire est-il comme ça ? Je n'en sais rien et je n'en saurais rien... J'ai quitté ce monde...
Désormais, je ne suis que l'ombre de moi-même... Un type qui grâce à ses connaissances, détruit ce qu'il considère comme inacceptable, à savoir la police et sa corruption bien que je considère Tom Hagen comme mon idole en ces jours malheureux...