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BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster

InvitéInvité
MessageSujet: BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster  BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster EmptyMer 10 Oct - 18:35



MÉMOIRES DE LATVERIA




____ Des cris frêles et rauques percèrent le chaos ambiant. Ils se détachaient par à-coups, entre deux respirations saccadées. Les soupirent se firent plus discrets, tandis que des émanations de joie remplissaient l’espace de cette chambre à coucher, bien plus remplie qu’elle ne l’était d’ordinaire. La jeune femme se mit à pleurer, sa poitrine se soulevant au rythme de ses sanglots. Étonnamment, elle souriait, le soulagement faisant frissonner son échine. Une légère pellicule de sueur se refroidit sur son corps, légèrement couvert par une robe de nuit en satin à bretelle. Elle échangea un regard avec l’homme à sa droite, dont elle avait presque broyé la main. Malgré tout, si jamais douleur il avait ressenti, il n’en montrait rien. Il pencha le corps de sa dulcinée vers l’avant, replaçant un coussin dans le creux de ses reins pour la soulager de l’effort qu’elle venait de produire.
____ — Toutes mes félicitations milady, c’est une petite fille.
____ Des larmes d’euphorie roulaient sur ses joues, qu’elle s’empressait de chasser. Elle tendit les bras vers sa servante qu’elle gratifia d’un sourire sincère, glissant le corps frêle de sa fille entre ses bras protecteurs. Elle la berça quelques secondes pour faire taire ses cris de nouveau-né et l’habituer à son odeur. Son doigt se glissa sur sa joue potelée, caressant sa peau rebondie en lui lançant un regard espiègle.
____ — Regarde la Maksim… Elle est tellement belle…
____ L’homme remonta le linge blanc qui entourait l’enfant sur son petit corps, craignant qu’elle ne prenne froid.
____ — Je sens qu’elle va t’en faire voir de toutes les couleurs, ria-t-elle.
____— Elle tiendra de sa mère, si tel est le cas, dit-il en déposant un baiser sur le front des deux femmes.  Donne-la-moi, on doit te nettoyer.
____ Elle hocha la tête, embrassant une dernière fois son enfant avant de la glisser dans les bras de son père. L’enfant poussa un nouveau cri, pour manifester son mécontentement d’être ainsi ballotée.
____ — Emmène-la voir ton père, on ne sait jamais quand son heure arrivera. J’aimerai qu’il la connaisse avant que…
____ Elle se tut, voyant l’expression affligée de son amant. Il hocha la tête, palpant les doigts minuscules de sa fille.
____ — Je serai bientôt là.
____ Il se pencha pour l’embrasser une dernière fois avant de quitter la chambre, soufflant une dernière parole à son égard.
____ — Tu as été magnifique.
____ Elle glissa son visage contre son buste, l’espace d’un instant, appréciant la chaleur qu’il dégageait.

[…]

____ Maksim arpentait les couloirs du manoir Von Doom, jusqu’à ce qu’il ne vienne à s’arrêter devant une porte close en bois de chêne où était gravé un « V » majuscule, au plein centre de la porte. Il replaça sa fille dans le creux de son coude pour frapper la surface boisée de deux coups succins. Il l’ouvrit ensuite, convaincu que sa présence s’était fait connaître.
____ — Papa ?
____ Il s’approcha du lit à pas lent. La figure d’un homme, clairement en sous poids, se trouvait au milieu du lit en position assise, le dos soutenu par plusieurs coussins. Ses mains étaient jointes sur son ventre, l’air sérieux. Malgré la maladie et la vieillesse, il semblait être déterminé à garder une posture qui imposait le respect et le sérieux. Le vieillard leva les yeux vers l’intrus qui venait troubler son repos. Dès qu’il vu le nourrisson entre ses doigts, son visage s’éclaira d’un sourire emplit de bonheur.
____ — Eh bien… Helen a bien travaillé, une nouvelle fois.
____ — Elle tenait à ce que je te la présente sans attendre.
____ — Avant que je meure ?
____ Devant la réaction de son fils, Victor poursuivit.
____ — Ne sois pas si surpris, fils. Toi et moi sachions que ce jour arriverait. Néanmoins… Je suis heureux d’avoir vécu assez longtemps pour contempler le visage de mes héritiers. Veux-tu bien me la donner ?
____ Maksim s’approcha de son père, tenant la nuque de l’enfant avec une inquiétude certaine. Elle gigota légèrement, ses yeux papillonnant pour s’habituer à la pénombre de la pièce. Seule une bougie éclairait le visage des deux hommes. Maksim vu à quel point l’émotion emplissait les yeux de son père, qui chérissait cet instant passé avec sa petite fille.
____ Pendant un long moment, il ne dit rien. Il se contenta de détailler les traits de son visage rondouillet, comme s’il voulait les ancrer dans sa mémoire avant que ses souvenirs ne disparaissent. Son index dessinait un rond sur sa poitrine, chatouillant ses côtes. Au début, l’enfant semblait dérangée par cette sensation nouvelle, mais bientôt son rire clair emplit la pièce, arrachant un sourire aux deux hommes.
____ — Elle est magnifique.
____ Il prit un moment avant de poursuivre, son doigt s’arrêtant sur la joue de l’enfant.
____ — Comment s’appelle-t-elle ?
____ — Ilya. Helen et moi y pensions depuis plusieurs semaines.
____ — Eh bien, Ilya… J’ai la conviction que tu deviendras une incroyable sorcière, si tu ne te laisse pas emporter par l’arrogance de ton grand-père.
____ Sur la fin, Maksim cru percevoir une once de regret dans sa voix, mais décida de ne pas le relever.
____ — Mon seul regret… sera de ne pas pouvoir te protéger des méfaits de ce monde, toi et Amon. Mais j’ai foi en vous. Doomstradt sera votre héritage.

____ Quelques années plus tard, on retrouva le corps sans vie Victor von Doom dans son lit, le visage apaisé. Il tenait au creux de sa main une photographie prise pour les cinq ans d’Amon, entouré de sa famille et de ses petits-enfants.

*


____ — Ilya ! Où es-tu ?!
____ Une frimousse tachetée releva ses yeux du livre qu’elle lisait avec impertinence. Elle le referma contre sa poitrine et roula sous les pieds de son lit, salissant de poussière sa robe de chambre immaculée. Elle sentait les battements de son cœur s’accélérer à cause de l’adrénaline. Il ne fallait pas qu’elle se fasse prendre.
____ Ses yeux se fermèrent avec force lorsqu’elle entendit le grincement de la porte de sa chambre et des bruits de pas pénétrer dans la pièce.
____ — Ilya ?
____ Elle plaqua sa paume contre sa bouche pour couvrir ses respirations, ne faisant plus aucun bruit. Après quelques secondes, les bruits de pas s’éloignèrent et la porte se referma derrière eux. Elle inspira une bouffée d’air, enfin. L’enfant, à peine âgée de six ans, se glissa hors de sa cachette et jeta un regard par l’orée de sa fenêtre : le soleil d’après-midi donnait encore le spectacle de ses rayons resplendissants, concurrencé par le souffle du vent qui faisait danser la cime des arbres.
____ Elle glissa ses cheveux derrière ses oreilles légèrement pointues pour son âge et se précipita vers sa porte, enfermant la poignée avec sa petite main. Elle se stoppa, réalisant qu’il lui manquait quelque chose. Elle fit glisser ses pieds sur le parquet ciré, ouvrit son armoire, prit une veste bien trop grande pour elle qu’elle avait gardée cachée au fond du meuble, et courut hors du manoir.

[...]

____ Elle se hissa maladroitement sur la balançoire à l’ombre d’un chêne, veillant à ne pas abîmer la veste en cuir qu’elle portait sur ses épaules. Les initiales VVD étaient gravées de chaque côté du col, à la fois discrètes et classiques. Elle réouvrit le livre sur ses genoux. Ses doigts potelés glissèrent sur le grain des pages, où l’on pouvait lire écrit à l’encre « A Ilya et Amon, mes précieux petits-enfants ». Ces quelques mots firent éclore un sourire sur le doux visage de l’enfant. Elle leva les yeux vers l’horizon, apercevant son frère Amon entraîner auprès de son père, sans grand succès. Leur mère les couvait d’un regard chaleureux, veillant au grain aux enseignements prodigués par son mari.
____ Les rayons du soleil se perdirent dans la chevelure blanche d’Ilya, créant une auréole autour de son corps couvert de blanc. Elle reprit sa lecture, faisant glisser le marque page qu’elle prit le temps d’admirer. C’était une vieille photo, ou du moins elle semblait en avoir l’air tant elle avait été manipulée. Sur le cadre, on pouvait distinguer la silhouette d’un homme d’un âge avancé qui se tenait debout, fièrement, à l’aide de sa canne. Elle se reconnu en train d’enlacer la cuisse du vieil homme avec une affection certaine. Derrière elle, son père tenait l’épaule d’Amon avec fierté. Il ne devait pas avoir plus de cinq ans sur cette photographie. Leur mère tenait Amon entre ses bras, le pressant contre elle en pointant l’objectif du doigt, comme pour l’inciter à regarder dans cette direction.
____ Ilya porta la photographie à ses lèvres, y déposant un baiser plein d’innocence.
____ Elle lut ensuite le prochain chapitre de l’œuvre qui la tenait éveillé chaque soir, de part sa complexité. De ce qu’elle avait réussi à comprendre, il s’agissait des récits de jeunesse de son grand-père, Victor von Doom et de sorcellerie. Normalement, elle n’avait pas le droit de le lire : son père n’avait commencé que récemment à en apprendre les bases de la magie à Amon ; son tour devrait venir l’an prochain. Mais elle ne pouvait s’empêcher de plonger dans ce nouveau monde dès qu’elle avait un instant de répit, à l’abri des regards protecteurs de ses parents.
____ Elle senti le vent chatouiller sa nuque et grogna de désagrément. Elle releva le col de sa veste, encore empreinte d’une odeur de cendre, d’encre et de cannelle. Elle ne put se retenir de la sentir encore quelques instants. Ses souvenirs de son grand-père étaient bien trop vagues pour qu’elle puisse se permettre de laisser passer ces instants. Tout ce qu’elle avait de lui, c’était son odeur, cette photographie et ce livre. Et rien qu’à cela, elle devinait quel genre d’homme il pouvait être : les récits faisaient part d’un homme aventureux et déterminé à se battre contre les difficultés qu’il rencontrait, mais profondément aimant et chaleureux envers sa famille. Dès qu’il avait un moment de libre, – c’est-à-dire, lorsqu’il ne parlait pas de politique avec son père – il l’autorisait à explorer sa chambre et sa bibliothèque, tant qu’il était présent. Ilya n’avait jamais dérogé à la règle.

____ Perdue dans sa lecture, elle ne vit pas son frère aîné la rejoindre et la prendre en flagrant délit. Il croisait ses mains dans son dos, tentant de prendre un air aussi sévère que son grand-père pouvait le faire lorsqu’il était vraiment en colère. Sa voix claire contrastait avec l’apparence qu’il voulait se donner.
____ — Tu lis encore le bouquin de papi ?
____ Elle referma le livre instantanément, le cachant sous le pan de sa veste.
____ — Pas du tout ! Je ne vois pas de quoi tu parles Amon ! Vraiment ! V-Vraiment pas !
____ — C’est bon je suis pas bête je l’ai bien vu ! Et puis de toute manière, moi je sais déjà comment faire ce qu’il a écrit dedans.
____ — C’est vrai ?!
____ Ilya bondit de sa balançoire, manquant de trébucher. Elle sautillait devant son frère, impatiente de commencer l'entrainement. Elle donnait des petits coups de poings dans le vide, soulevant la poussière restée entre quelques mèches de ses cheveux lors de sa partie de cache-cache improvisée de plus tôt. Même s’ils n’avaient que quelques mois de différence, Ilya portait à son frère une admiration sans égale.
____ — Aller montre-moi ! Moi aussi je veux faire de la sorcellerie, comme papi !
____ — Non, c’est réservé aux GRANDS ! C’est pas pour toi !
____ — Amooon !
____ Ils se chamaillèrent ainsi pendant plusieurs minutes jusqu’à ce que leurs cris attirent leurs parents. Leur père trancha leur dispute en promettant que si Amon ne faisait pas de progrès cette semaine, il lui apprendrait à user de magie. En entendant ces mots, Ilya bondit de joie.

*


____ Ilya ramena ses genoux contre elle, essayant de les couvrir avec la robe qu’on lui avait donné à porter ce matin. Ses petits pieds claquaient au sol à intervalles régulières, comme si elle suivait le rythme d’une mélodie. Elle chantonnait un air calme et mélancolique, celui d’une berceuse que l’on lui avait mainte fois chanté dans son enfance. Son visage souriant se redressa vers la pierre tombale à laquelle elle faisait face.
____ — Salut papi !
____ On pouvait y lire, gravé au centre de la pierre ; « 1964 – 2049, Victor von Doom, fondateur, roi et père cher à notre cœur ». Ilya se balançait légèrement d’avant en arrière, couvée par le regard protecteur de l’une des gouvernantes du manoir avec laquelle elle avait tissé des liens de confiance. Bien que madame Hutchinson n’était pas du genre laxiste, Ilya savait que tout ce qu’elle faisait était dans son intérêt : et si elle l’emmenait rendre visite à son grand-père, elle ne pouvait que lui porter de l’affection. D’aussi loin qu’elle pouvait se souvenir, elle avait toujours veillé à ses besoins et à lui apporter l’enseignement nécessaire pour sa vie de jeune fille lorsque ses parents n’étaient pas présents pour le faire. Même si elle n’avait que sept ans, Ilya lui était déjà infiniment reconnaissante.
____ — Miss, asseyez-vous comme il se doit devant votre aïeul, ce n’est pas ainsi que doit se tenir une jeune fille, ronchonna-t-elle en frappant légèrement le dos de l’enfant.
____ — Pardon !
____ Elle se rassit de manière plus convenable, veillant à ne pas tacher sa robe : cela ne ferait faire que plus de travail à mademoiselle Hutchinson, et avec l’âge, Ilya ne voulait pas lui donner du fils à retordre. Elle prit un moment pour détailler les traits de son visage : bien que des rides commençaient à creuser ses fossettes et le coin de ses yeux, elle gardait une attitude droite et autoritaire. Ses cheveux bruns, où s’éparpillaient quelques mèches grisonnantes, étaient tirés en arrière dans un chignon de danseuse, à la base de sa nuque. Elle portait une longue jupe noire, accompagnée de deux paires de chaussettes hautes noires pour cacher ses chevilles. Sa talle était surélevée par des talons classiques bruns qui rappelaient la couleur de sa veste pelucheuse elle aussi dans des tons mordorés. En dessous, bien qu’elle soit assez réchauffée par sa veste épaisse, elle portait un pull blanc assez près du corps pour garder une certaine classe mais pas assez pour que ça n’en devienne vulgaire pour son âge ou que cela l’empêche de se mouvoir correctement.
____ La gouvernante replaça correctement la veste d’Ilya, veillant à ce que cette dernière n’attrape pas froid. La veste en cuir de Monsieur von Doom senior était bien trop grande pour elle et menaçait de laisser passer la légère brise d’automne. Le temps commençait à se rafraîchir, et si elle tombait malade par sa faute, elle ne s’en remettrait pas.
____ Elle se redressa en arborant sa posture élégante, comme à son habitude, chaperonnant la jeune fille tandis qu’elle discutait avec son grand-père.
____ — Et puis tu sais, j’arrive toujours pas vraiment à comprendre tout ce que tu as écrit dans ton livre et Amon ne veut même pas m’aider à comprendre ! Papa dis que je suis encore un peu trop jeune… Mais j’ai hâte d’apprendre pour devenir une aussi grande sorcière que toi ! En plus, à chaque fois que maman ou Madame Hutchinson m’accompagnent en ville, tout le monde ne cesse de me répéter à quel point ils t’aimaient. Je pense que tu leur manque beaucoup papi… Et à moi aussi !
____ Ilya semblait empreinte d’une certaine confidence, parfaitement à l’aise. Même s’il lui arrivait d’aborder des sujets qui lui faisait beaucoup de peine, comme l’absence de son grand-père lorsqu’elle venait lui rendre visite, elle s’efforçait de ne pas le montrer : madame Hutchinson lui avait appris que les femmes devaient elles aussi parfois se montrer courageuses lors des moments d’adversité.
____ — Et Papa s’en sort très bien aussi ! Enfin, c’est ce que dis maman. Elle m’a dit que tu craignais qu’il n’y arrive pas sans toi et que ça serait un peu difficile, mais les habitants de Latvéria sont très contents ! Certes c’est pas comme si c’était toujours toi mais papa travaille dur pour devenir comme toi ! Ah et aussi, je sais pas vraiment si j’ai le droit mais j’ai pris ta veste, tu sais celle que tu portais tout le temps… Je l’aime bien parce qu’elle sent encore comme toi ! Je l’avais bien cachée pour qu’Amon ne la trouve pas et qu’il ne la salisse pas, il fait toujours n’importe quoi ! Vous pensez qu’il m’en voudra ?
____ L’enfant se tourna vers sa gouvernante, les sourcils froncés par l’inquiétude.
____ — Monsieur votre père vous a déjà donné son approbation, je pense qu’il en sera de même pour votre grand-père. Un jour viendra où vous ne nagerez plus dedans et pourrez la porter fièrement.
____ — Super ! Merci papi !
____ Elle pivota de nouveau vers la pierre tombale, continuant de raconter à quel point sa vie à Latvéria était magique et pleine de surprise, et combien les habitants étaient gentils et attentionnés envers elle et sa famille. Certes il lui avait fallu un peu de temps pour oser sortir à l’extérieur sans son grand-père, mais elle avait réussi à dépasser cette appréhension.
____ — J’espère que tu m’en voudras pas aussi… Mais c’est un secret entre toi, moi, et Madame Hutchinson. Tu sais parfois, papa et maman gardent la porte de ta chambre fermée mais quand je me sens pas très bien et que j’ai envie de pleurer, parfois je vais me cacher là-bas… Je sais que tu ne voulais pas que j’y aille quand tu n’étais pas avec moi mais maintenant que tu n’es plus là je ne savais pas vraiment si je devais le faire ou pas… Mais je me sens bien là-bas même si papa ne veut pas. Mais surtout garde le secret parce que s’il l’apprend je vais me faire tirer les oreilles !
____ Comme pour accentuer sa crainte, elle frotta ses paumes contre ses petites oreilles pointues, une grimace tordant les traits de son visage. Plusieurs dizaines de minutes s’écoulèrent depuis l’arrivées des deux femmes dans le cimetière. Il se trouvait à quelques mètres du manoir, à l’orée d’une clairière entourée par la forêt et ses arbres majestueux. Parfois, Ilya y avait même vu quelques rennes et petits animaux se promener dans la clairière, où toute crainte de l’incidence humaine s’était évaporée. Madame Hutchinson ne la laissait pas trop s’approcher – tout de même, et si un renne lui donnait un coup avec ses bois ?! – mais Ilya était fondamentalement convaincue qu’ils ne lui feraient aucun mal. En voyant les lueurs du soir déceindre, Madame Hutchinson déposa une main rassurante sur l’épaule de la jeune fille.
____ — Miss, nous allons devoir y aller. Monsieur votre père voulait que vous rentriez avant que la nuit ne tombe.
____ — Déjà… ?
____ Elle fit la moue, se redressant sur ses deux pieds. Elle frotta ses genoux endoloris par les heures passées dans la même position, tourna sur elle-même pour vérifier si aucun pan de sa robe n’était taché puis s’approcha un peu plus de la pierre tombale. Elle se pencha légèrement, posant sa petite main sur les lettres gravées en déposant un baiser innocent sur la pierre froide de l’édifice.
____ — J’aurais voulu te dire encore beaucoup de choses mais je ne veux pas rendre papa triste alors je te raconterai tout la prochaine fois ! Et je l’écrirai, comme ça je suis sûre de ne rien oublier du tout !
____ L’enfant glissa sa petite paume dans main tendue de sa gouvernante.
____ — Au revoir papi !

[…]


____ Ilya tenait fermement la main de sa mère à travers les gants qu’elle portait pour combattre le froid de l’hiver. Bientôt âgée de sept ans, Ilya avait encore grandi et son joli minois atteignait bientôt les hanches de sa mère. Toutes deux affûtées de leurs vêtements chauds, elles s’approchèrent de plusieurs stands de nourriture dont raffolait Ilya : les marrons glacés. C’était l’une des choses qui la faisait adorer l’hiver, car en cette saison fleurissait les plus belles gourmandises. Et les marrons chauds étaient l’une d’entre elles. Se mettant sur le bout des pieds, Ilya se pencha face au marchand pour qu’il lui remplisse son verre cartonné. Elle vit un sourire malin tirer son visage lorsqu’il lui en rajouta un peu plus, manquant de faire déborder quelques marrons.
____ — WOOH ! Merci beaucoup monsieur !
____ — J’en connais une qui va faire une crise de foie avec tout ça…
____ — Je n’vous le compte pas sur la note milady, ça sera un secret entre moi et Miss Ilya d’accord ?
____ — D’accord !, répondit la jeune fille qui commençait déjà à dévorer l’un des marrons.
____ Ils échangèrent quelques rires et salutations avant que les deux femmes ne continuent leur avancée dans les rues de la capitale. Sans prévenir, Ilya traversa la rue sur sa largeur, sans faire attention aux personnes qui évoluaient autour d’elle. Des bruits de sabots se firent de plus en plus pressants, jusqu’à ce que l’on entende le cri du cocher, à la fois surpris et angoissé à l’idée de blesser la petite fille de son ancien roi. Poussé par le frein, le cheval hennit et se cambra. Il retomba maladroitement et l’une de ses pattes s’écrasa sous une des roues de la calèche.
____ — ILYA !
____ Sa mère laissa tomber les sacs qu’elle portait et accourut vers sa fille, blanche de terreur. Ilya, elle, ne semblait pas avoir réalisé la dangerosité de la situation et se demandait pourquoi tout le monde s’était mis à crier. Helen l’entoura de ses bras, palpant ses membres à la recherche d’une quelconque fracture ou blessure résultat de l’accrochage.
____ — Ilya… Tu n’as rien ?
____ — Non maman, ça va ! Mais pourquoi il est tombé le cheval ?
____ Elle lui expliqua alors ce qui s’était passé, et comment ses actes avaient pu créer de telles conséquences. Elle espérait, au fond d’elle, que cet événement lui servirait de leçon et qu’elle ne recommencerait plus de telles choses.
____ Comprenant que c’était de sa faute, Ilya s’approcha du cheval et poussa de toutes ses forces la roue de la calèche qui écrasait la patte du pauvre animal. Rapidement rejointe par d’autres passants, et bien que sa force à elle seule ne suffise pas, la roue de la calèche finit par se libérer de l’équidé, grâce à l’aide qu’on lui avait apporté.
____ — Monsieur qu’est-ce qu’on peut faire pour l’aider ? Est-ce qu’il va aller bien quand même ?
____ Devant la mine sombre du marchand, et le regard qu’il lança à Helen, Ilya continua, persuadée qu’elle pouvait faire quelque chose.
____ — Je pourrais lui donner un peu de mes marrons, ils sont tellement bons ça devrait le remettre sur pied non ?
____ — Ilya laisse cet animal, on ne peut rien faire pour lui…
____ — Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a, il est malade ?
____ — Non ma chérie, mais sa blessure est très grave pour lui, il ne va plus pouvoir se lever tu sais.
____ — Alors laisse moi lui donner des marrons ça va l’aider !
____ Helen prit Ilya par la main et l’écarta de la calèche pour laisser les marchands faire leur besogne et mettre fin aux souffrances de l’animal.
____ — Aller ma puce…
____ — Non ! C’est de ma faute je dois lui donner des marrons !
____ — Ça ne va pas le soigner chérie.
____ — Mais on ne peut pas le laisser comme ça il va mourir sinon !
____ — Je sais, c’est pour ça que tu dois laisser les messieurs faire ce qu’il faut pour l’aider à s’en aller.
____ — Je veux pas !
____ — Ilya, ça suffit !
____ — Arrête maman, tu m’fais mal !
____ Ilya se libéra de l’emprise de sa mère avec violence, commençant à courir vers l’animal. Sa mère la rattrapa par le bras, emplie d’inquiétude.
____ — Ilya ! ça suffit… bon sang !
____ — JE VEUX PAS QU’IL MEURE COMME PAPI !
____ Helen resta bouche bée devant sa fille, prise au dépourvu et ne sachant que dire. Sa poigne se fit plus légère, laissant l’enfant agir par elle-même. Elle échangea un regard lourd de sens avec Ilya, dont les yeux menaçaient de laisser déborder de chaudes larmes. Finalement, l’enfant fit volte-face et s’approcha de l’animal blessé, dont la patte formait un angle inconcevable. Elle replaça ses cheveux derrière ses oreilles, et frotta ses yeux avec ses poignets, tentant de chasser ses larmes. Elle s’agenouilla devant lui, la bouche tremblante. Autour d’elle, personne n’osait dire un mot, reconnaissant parfaitement la petite-fille de feu notre roi, Victor von Doom.
____ Au fond d’elle, des milliers de pensées se bousculaient dans son esprit. Elle essayait tant bien que mal d’isoler les souvenirs du livre de son grand père des autres passés avec lui. Sa main se perdit sur le poil court de l’animal, jusqu’à frôler sa patte blessée. La blessure en elle-même n’était pas mortelle, mais pour un cheval, s’il ne pouvait pas courir, travailler ou se tenir sur ses pattes, il n’avait plus aucune utilité pour les marchands. Elle sursauta en entendant l’animal hennir de douleur lorsque ses doigts passèrent sur son genou meurtri.
____ Ilya ne pensait qu’à une chose, malgré l’adrénaline et l’excitation du moment, elle semblait garder un calme presque olympien. Tout ce qu’elle désirait, c’était pouvoir soigner quelqu’un, l’empêcher de mourir pour qu’il puisse rejoindre sa famille.
____ En un instant, un cercle concentrique orangé se forma autour des doigts d’Ilya. Bien qu’irrégulier, il semblait se stabiliser au fur et à mesure qu’elle se rappelait des enseignements écrits dans son journal. Ce cercle primaire fut recouvert par d’autres figures géométriques complexes, tantôt plusieurs triangles, losanges ou carrés qui formèrent un prisme parfait.
____ — …Ilya ?
____ Sa mère se retint d’approcher, craignant de faire disparaître ce qu’elle pourrait reconnaître entre mille : de la sorcellerie. Et pas n’importe laquelle. Le flux magique qui s’échappait de sa fille était tout simplement… époustouflant. Cela n’avait rien à voir avec les essais maladroits d’Amon. Elle avait l’impression… de revoir son beau-père, lorsqu’elle avait connu Maksim. En plein essor de l’âge, son beau-père était véritablement un virtuose de la magie.
____ Ilya avait un don pour la sorcellerie, c’était indéniable.
____ L’enfant retenait des larmes de frustration, craignant de ne pas réussir à le soigner. Elle secoua ses mains, tentant de forcer les choses, sans voir d’amélioration. Ses larmes roulèrent sur ses joues sans qu’elle ne puisse les retenir. Elle ne pouvait rien faire. Ça ne fonctionnait pas.
____ Sa mère s’approcha d’elle à pas lents, pour ne pas l’effrayer. Sa main se posa sur son épaule, abaissant ses mains sur ses genoux pour rompre le prisme. Calmement, Helen forma le même diagramme concentrique entre ses paumes, remplaçant sa fille aux soins prodigués à l’animal. Après quelques instants, Ilya vit la foulure du cheval diminuer et la jambe du cheval se replacer dans un angle correct grâce à la magie de sa mère. Elle leva de grands yeux vers elle, tentant de chasser ses pleurs avec ses petits poings. Une fois qu’elle eut terminé, Helen glissa sa main dans les cheveux de sa fille, la pressant contre elle. Elle continua de caresser ses mèches pour la rassurer.
____ — Ilya... La magie ne doit pas être utilisée pour aller à l’encontre du cours du destin. Elle ne doit être utilisée que pour protéger le monde… Tu comprends ?
____ L’enfant frotta son visage contre l’épaule de sa mère.
____ — Peut-être que la mort de cet animal aurait pu engendrer des magnifiques choses, ou bien mené son maître à la faillite, mais il n’est pas de notre ressort d’influer ces choses-là.
____ Elle repoussa légèrement sa fille, pour pouvoir plonger son regard dans le sien et être persuadée qu’au fond d’elle, Ilya comprenait l’importance de ces paroles.
____ — C’est le devoir des sorciers que de dédier leur cœur à l’humanité. Nous ne devons pas les contrôler, seulement les protéger.
____ La petite hocha la tête, chassant les mèches qui venaient voiler sa vue en les ramenant derrière son oreille pointue. Elle avait été égoïste. Derrière elle, elle sentit une masse informe se relever, déployant son ombre sur elle. Le cheval avait retrouvé ses capacités motrices, comme si rien de tout cela n’était arrivé. L’animal abaissa son encolure vers l’enfant, chatouillant son visage avec les crins de sa crinière. Il poussa légèrement son dos avec son museau, comme s’il voulait la pousser à se relever ; ce qu’elle fit sans attendre.
____ Elle se retourna vers le cheval, caressant une nouvelle fois son pelage brun.
____ — Je suis tout de même heureuse qu’il soit encore vivant.

[…]



____ Au milieu de la pièce à vivre, les genoux recroquevillés contre son buste, Ilya observait ses deux parents en pleine joute verbale. Plusieurs de ses mèches blanches étaient retombées sur son visage, salies par leur aventure de plus tôt dans le centre de la capitale. Sa mère, l’air à la fois sérieux et inquiet, s’adressait à son mari avec insistance, les bras croisés sur son buste.
____ — Elle a fait un prisme parfait, Maksim. A six ans.
____ — Comment elle aurait pu savoir comment faire ? Ni toi ni moi ne lui avons enseigné l’art de la magie !
____ — Je n’en sais pas plus que toi mais le fait est là ! On doit commencer à lui apprendre dès maintenant.
____ — Hors de question, elle est beaucoup trop jeune pour ça et tu le sais Helen !
____ Ce qui avait commencé en murmures inquiets se mua en une dispute houleuse où chacun essayait de faire entendre sa vision des choses à l’autre. On ne pouvait pas leur en vouloir ; ils avaient peur. Peur pour leur fille, que c’était trop tôt, que la magie dont elle allait fait preuve était une source bien trop importante pour ses épaules… Et au milieu de cela, Ilya ne savait plus où se mettre. Elle enserrait ses jambes avec ses petits poings, l’air soucieux. Elle ne comprenait pas ce qu’elle avait fait de mal et pourquoi tous deux s’obstinaient à parler à son sujet alors qu’elle était dans la même pièce.
____ — De toute manière elle s’y est déjà éveillée, d’une manière ou d’une autre ! Si on ne s’y prend pas à temps ça risque de la consumer et aucune de nous deux ne veux voir ça arriver !
____ — Oui mais qu’est-ce qu’on fera si jamais elle n’y arrive pas ? Si on n’arrive pas à endiguer son flux ?
____ — Oh Maksim je t’en prie ! A t’entendre on dirait que tu as plus peur de ton propre échec que de ce qui pourrait lui arriver !
____ — Comment tu voudrais que je sache comment faire ?! Ça n’a pas marché avec Amon !
____ — Amon n’avait peut-être pas assez de ressource magique, qu’est-ce que tu veux que je te dise ?! Ilya est notre priorité maintenant !
____ Couverts par leurs cris, les pleurs d’Ilya s’étaient faits discrets, roulant sur ses joues les uns après les autres. Elle ne comprenait pas pourquoi ils se criaient dessus. Etait-ce sa faute ? Helen et Maksim s’arrêtèrent un moment, alertés par ces petits bruits. Tous deux observèrent leur fille et se rendirent compte à quel point leur dispute avait pu l’influencer. Helen lança un regard lourd de sens à son mari, mettant sa colère de côté pour s’occuper de sa petite fille.
____ — Pardon mon ange… Papa et moi sommes juste un peu inquiet après ce que tu aies fait tout à l’heure…
____ Elle passa une main rassurante dans ses cheveux, chassant les mèches folles qui voilaient sa vue. Elle glissa ses cheveux derrière l’oreille de l’enfant, tentant un petit sourire pour la rassurer.
____ — Comment est-ce que tu as appris à faire ça ma puce ?
____ Ilya avisa un regard vers son père, chez qui tout traduisait l’inquiétude. Ses mains reposaient durement sur ses hanches, observant de loin des deux femmes de sa vie. Les traits de son visage étaient tirés par l’incertitude. Son pied droit martelait le sol instinctivement, pour tenter de déverser son stress. Puis elle observa sa mère, essayant de jauger la situation. Et puis dans un soupir, elle confia ;
____ — C’est moi qui ait tout lu… Dans le journal de papi…
____ Elle entendit son père relâcher un soupir mêlé de soulagement et de frustration, ses mains étirant les muscles de son visage.
____ — Tout le monde n’arrêtait pas de dire à quel point papi était un grand sorcier et quand j’ai vu son journal j’ai pas pu m’empêcher de le lire…
____ Pendant un moment, aucun des trois ne dit un mot, si bien qu’Ilya crut qu’une nouvelle dispute allait éclater.
____ — Vous êtes en colère après moi ?, demanda-t-elle d’une toute petite voix étouffée par l’appréhension.
____ — Non ma puce, bien sûr que non mais…, elle avisa un regard vers son mari. Tu aurais dû nous le dire. Apprendre par soi-même à ton âge peut être très dangereux si tu ne sais pas comment maîtriser tes pouvoirs.
____ — Je voulais juste être aussi forte que papi…
____ Maksim s’approcha d’elle et entoura son visage de ses mains. Il déposa un baiser sur son front, avec une douceur surprenante avant de plonger son regard dans le sien.
____ — Si tu y tiens tant… Alors nous commencerons ton enseignement dès demain.

*

____ Au sommet du pic d’une montagne, on pouvait discerner la silhouette d’une jeune femme, dont les jambes étaient repliées en tailleur. Ses paumes, ouvertes sur ses genoux, ne tremblaient pas. Sa chevelure blanche tressée, bien plus longue que dans ses jeunes années, voguait au rythme du vent qui soufflait dans ses épaules. Ses yeux étaient clos avec une concentration palpable, qui n’était dérangée ni par les bruits environnants ni par ses propres besoins. Quelques mèches rebelles qui s’étaient détachées de la tresse venaient parfois frôler ses joues. Pourtant, elle demeurait aussi calme qu’elle ne l’était lorsqu’elle avait commencé cet exercice.
____ Seul un soupir la différenciait du monde des morts. Et en un instant, des prismes magiques se formèrent derrière elle, puis tout autour, comme invoqués. Ils tournaient comme les rouages d’une horloge ou bien portés par le vent, sans pour autant s’éloigner de son corps.
____ Peu à peu, ses paupières se réouvrirent sur des prunelles d’un bleu profond qui dardaient l’horizon avec insolence.
____ — Félicitations Ilya. Tu as fait énormément de progrès.
____ Elle sourit en entendant ces paroles, relativement fière d’elle-même.
____ — J’ai eu un bon professeur.
____ La jeune fille se redressa, les prismes s’évanouissant un à un derrière elle.
____ — Prête pour la deuxième étape ?  
____ — Toujours.
____ Bien qu’Ilya ait tout juste fêté son onzième anniversaire, elle détenait une confiance en elle-même et ses capacités hors du commun. Elle était conscience de ses erreurs et que de sa technique était imparfaite, mais également de ses forces et de son don pour la sorcellerie qui l’avait sauvé plusieurs fois d’erreur pour le moins idiotes. Et malgré tout, elle demeurait aussi humble et innocente qu’elle ne l’était quelques années plus tôt.  
____ Ilya et son maître reculèrent tous deux leur pied vers l’arrière, et dans un mouvement presque synchronisé, ils déployèrent deux prismes concentriques devant leurs poings fermés, l’un proche de leur visage tandis que l’autre était posé en garde, plus en avant.
____ — Bien. Tu commences à t’y faire instinctivement.
____ Sans attendre, le plus vieux commença les hostilités. Ils échangèrent plusieurs coups que chacun prenait plaisir à contrer, apprenant de chaque parade le style de combat de leur adversaire. Depuis l’apparition des pouvoirs d’Ilya il y a cinq ans, Maksim et Helen avaient décidé de lui apprendre les rudiments des arts mystiques, et c’était un franc succès. Très tôt, elle avait démontré une aisance naturelle à créer des prismes magiques qu’elle pouvait muer en bouclier ou en arme à volonté.
____ Lorsque ses parents ne pouvaient être présents pour l’aider à parfaire sa maitrise, Ilya était accompagnée par son précepteur, un maître de la sorcellerie que Maksim avait convoqué afin qu’il palie les manques que ses obligations politiques lui imposaient. Dès lors, Maître Aeon passait le plus clair de son temps auprès d’Ilya afin de l’accompagner dans la maîtrise de son don. Depuis de quelques années, elle avait appris à stabiliser son essence et à se battre avec les armes qu’elle pouvait créer, dont la forme et l’usage ne pouvaient être délimitées que par son imagination. Mais il était temps pour elle de passer à la seconde étape de son enseignement.
____ Celle où elle emprunterait pour la première fois les pouvoirs d’une entité magique : celle d’un membre des Octessences.
____ Aeon l’avait préparé pendant plusieurs mois à cet apprentissage, afin que son corps puisse supporter ce premier partenariat étant donné son jeune âge. Il ne s’en faisait pas pour elle, malgré tout. Tous deux avaient passé de longs moments ensemble, à discuter du contenu du journal de son grand-père et des explications et enseignements qu’il rescellait. Il lui avait également conté le récit de la Guerre des Sept Sphères que chaque sorcier devait connaître afin de se rendre compte des dangers qui l’attendait s’il commettait une erreur lors de l’invocation.
____ Bien que les Octessences soient un groupe d’entité d’une puissance considérable, elles étaient encore inférieures à la trinité du Vishanti et moins néfastes que les forces occultes : ce serait un bon début pour Ilya, il en était convaincu.
____ — Bien, maintenant, répète les étapes que nous avons étudié plus tôt.
____ Ilya hocha la tête, laissant ses doigts se détendre et les prismes géométriques autour de ses poings se délier, devenant bien moins concentrés. Pendant plusieurs minutes, elle exécuta avec précision les étapes que son maitre lui avait décrite afin de faire le vide dans son esprit de laisser son énergie s’éparpiller.
____ — Souviens-toi, pour ta première fois, tu en appelleras à Cyttorak. Ses liens pourpres peuvent immobiliser ton adversaire. On raconte qu’ils seraient incassables. Tout ce que tu dois faire, c’est laisser place à un vide en toi, et réciter dans ton esprit le nom de l’entité. Avec un simple mouvement de bras, ils viendront à toi.
____ Tâchant de faire figure d’exemple, Aeon passa l’un de ses bras dans son dos, avant de projeter l’autre face à lui, un prisme orangé recouvrant le centre de sa paume. Des dizaines de fils pourpres et épais s’échappèrent du prisme pour encercler le tronc d’arbre le plus proche.
____ — A ton tour.

[…]

____ Ilya s’effondra au sol, complètement épuisée. Elle n’aurait jamais imaginé que maintenir les pouvoirs d’une entité magique en elle pourrait être si fatiguant. Il lui faudrait plusieurs semaines, si ce n’est des mois pour arriver à en contenir n’en serait-ce qu’une seule à son âge. Aeon s’approcha d’elle, lui tendant de quoi se restaurer. Elle prit la pomme avec avidité, sans oublier de le remercier. Après un moment de flottement où aucun des deux ne dit un mot, son maître murmura quelques mots, pour la rassurer.
____ — Ne t’inquiète pas, Ilya. Parfois les échecs nous donnent des leçons plus importantes que n’importe quelle victoire. Il m’a fallu beaucoup de temps à moi aussi.
____ Elle fit la moue, observant la pomme à moitié dévorée entre ses mains.
____ — Dis, comment est-ce que tu as appris tout ça toi ?
____ Il esquissa un sourire nostalgique à sa question.
____ — J’ai beaucoup voyagé. A Kamar-Taj.
____ — C’est où Kamar-Taj ?
____ — Au Népal, près de la chaîne de montagne de l’Himalaya.
____ — Est-ce que je pourrais y aller moi aussi un jour ?
____ — Qui sait.  Peut-être qu’un jour, tu y découvriras des pouvoirs que tu ignorais encore et qui dépassent mon enseignement.

[...]

____ — Tu t’en vas ?
____ Ilya releva sa frimousse vers la voix qui s’élevait dans le silence. Elle posa la veste qu’elle tenait entre ses mains sur le rebord de son petit sac et couru vers la porte. Elle s’arrêta devant Amon, à peine plus grand qu’elle. Elle répondit d’une voix emplie de détermination enfantine.
____ — Oui !
____ — Où ça ?
____ — Au Népal !
____ Mouais, pas convaincu.
____ — Pourquoi ?
____ — Aeon dit que je pourrais en apprendre plus sur ce que faisait papi là-bas !
____ — Et moi ?
____ Ilya fit la moue, ne comprenant pas vraiment sa question. Elle se contenta de passer ses petits bras autour de lui, le pressant fort contre elle. Amon, qui se sentait un peu triste que sa sœur s’en aille – mais interdiction de lui dire, sinon elle se moquerait de lui – l’enlaça à son tour.
____ — Ce n’est pas comme si je partais pour toujours ! Papa l’a promis.
____ — Au moins tu m’embêtera plus la nuit et je pourrais dormir tranquille !
____ — C’est méchant ça !
____ Ilya recula d’un pas, ses poings serrés. Une grimace vexée déformait son visage, assez honteuse. Elle avait pris l’habitude d’aller dans la chambre d’Amon lorsqu’elle faisait un cauchemar ou qu’elle se sentait seule.  D’habitude, son frère ne disait rien et la laissait se glisser sous la couette. En plus en hiver, c’était comme une bouillotte donc il n’allait pas refuser ! Et puis c’était vraiment pas comme si, au fond, ça lui faisait plaisir. Surtout pas !
____ — Faudra que tu apprennes à dormir toute seule même si t’as peur !
____ — Oui je sais !, dit-elle en haussant le ton comme si elle voulait l’empêcher d’exposer ses petits secrets.
____ — Et aussi à ouvrir les paquets de gâteau sans aide, et aussi à-
____ Ilya se jeta sur lui, couvrant sa bouche avec sa petite main. Décidément il ne se taisait jamais.
____ Mais il allait lui manquer. Beaucoup.

*






Dernière édition par Langreen le Sam 10 Nov - 19:20, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster  BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster EmptySam 20 Oct - 20:52



RÉCITS D'ORIENT




____ Remplie d’appréhension, Ilya releva son poing devant la porte boisée, au milieu d’un quartier animé de Kamar-Taj. Autour d’elle, de nombreux enfants jouaient ensemble entre les échoppes de nourritures qui embaumaient l’air d’une odeur de friture et d’épices. Bien que ce soit un voyage qu’elle devait emprunter seule, Maître Aeon lui avait tout de même indiqué où se trouverait sa destination. Elle espérait juste ne pas s’être trompé de rue.
____ Cette pensée s’envola rapidement une fois qu’un homme à la peau basanée lui ouvrit. Elle abaissa son visage en signe de respect pour le saluer. L’homme resta un moment en suspens, surpris par la venue d’une enfant en ces lieux.
____ — Que puis-je faire pour t’aider jeune fille ?
____ — Je suis Ilya von Fatalis. Je recherche les enseignements de celui que vous appelez « l’Ancien ».
____ — …Comment as-tu connu cet endroit ?
____ — Mon maître m’a indiqué où chercher.
____ Pendant quelques secondes, l’homme semblait en pleine hésitation. Mais après tout, si cette gamine avait de mauvaises intentions, l’Ancien saurait comment s’en occuper. Il ouvrit la porte derrière lui afin de la laisser entrer, chose pour laquelle elle s’empressa de le remercier. Tous deux traversèrent de nombreux couloirs en bois, faisant craquer le parquet sous leur pied. Bientôt, l’homme guida Ilya dans une salle semblant se trouver sous le toit étant donné la couverture d’un dôme en verre qui s’étalait au-dessus d’eux.
____ Une fem-… Non, pas vraiment. En fait, rien qu’en l’observant, Ilya ne pouvait pas déterminer si la personne qui s’approchait peu à peu d’elle, habillée d’une tenue classique beige, pouvait être un homme ou une femme. Pourtant, lorsque cette personne se tint devant elle, elle lui souriait avec amusement.
____ — Te sens-tu troublée, Ilya ?
____ — Comment-…
____ — Tu comprendras le moment venu.
____ — Vous êtes… ?
____ — L’ancien ? Oui, c’est comme cela que l’on me nomme désormais.
____ Elle semblait deviner à l’avance les pensées d’Ilya, comme si elle la connaissait. Son nom, son âge ou même la raison pour laquelle elle s’était rendue ici aujourd’hui ne semblaient pas lui être étranger. Et pour autant, à la simple vue des traits de son visage dépourvus de rides, elle ne semblait pas si « ancienne » que cette appellation pouvait le sous-entendre ; certains utilisaient la magie pour combler leurs faiblesses physiques, se pouvait-elle qu’elle l’utilise à cet escient ? Non, bien sûr, sinon elle ne pourrait pas utiliser la sorcellerie pour protéger le monde comme le faisaient ses parents.
____ — C’est une tragédie que le Doctor Doom soit mort si tôt avant le début des hostilités… Tu m’en vois navrée. Mais je suppose que tu es venue jusqu’ici pour perpétuer son héritage ?
____ — Si vous me permettez de rester auprès de vous et de devenir l’une de vos élèves, j’en serais ravie madame l’ancienne.
____ Bien qu’elle paraisse amusée, l’Ancien ne se formalisa pas de son langage enfantin. Au contraire, elle se retourna vers les maîtres qui l’accompagnaient pour la protéger et leur offrit un geste de tête salvateur, signe qu’ils n’avaient rien à craindre de la présence de cette enfant en ces lieux. Tous acquiescèrent, quittant la pièce dans le calme le plus plat. Une fois qu’elles furent seules, l’Ancien tendit sa main vers l’enfant, paume ouverte.
____ — Tu auras besoin de faire le tour des lieux pour ne pas t’y perdre. Veux tu m’accompagner ?
____ Ilya sourit, délivrée du stress qui l’habitait à l’idée de se voir refuser cette opportunité. Elle glissa sa main d’enfant dans celle de l’Ancien, alors que toutes deux prirent le chemin vers les espaces d’entrainement.

[…]

____ — Alors Ilya ? Est-elle à ta taille ?
____ L’Ancien entendit quelques grognements frustrés, mais après une poignée de minutes, la jeune fille ressorti de sa chambre affûtée de la tenue pourpre habituelle des élèves de Kamar-Taj.
____ — Bien. Tu peux désormais aller rejoindre les autres dans leurs activités.
____ L’adulte s’engagea à travers un dédale d’arches en pierre débouchant sur une place entièrement pavée au couvert d’une montagne, la protégeant de la pluie et de la neige. De nombreuses feuilles de lierre entouraient les piliers pourpres délimitant la place, grimpant audacieusement jusqu’au reste de la montagne. Et le spectacle qui s’offrait aux yeux d’Ilya était tout simplement époustouflant, tant par le paysage hors du temps qu’elle pouvait desceller au-delà des piliers que par l’omniprésence de sorciers partageant le même don et les mêmes buts qu’elle. Un sentiment de gaité et de complaisance s’empara d’elle, comme si son cœur avait recherché cette place pendant tout ce temps : elle se sentait chez elle, à sa place parmi d’autres sorciers. Certes, elle éprouvait un amour inconditionnel envers sa famille, mais l’atmosphère qui s’échappait de ces lieux était tout autre, comme si elle venait d’entrer dans un nouveau monde où des possibilités nouvelles n’attendaient qu’elles pour les réaliser.
____ — Et bien qu’attends-tu ?
____ Ilya releva son regard enfantin vers l’Ancien, ses yeux ronds de surprise. Evidemment, elle s’attendait à pouvoir participer elle aussi, c’était d’ailleurs la raison même de sa présence ici. Mais le fait de le dire à voix haute rendait la chose si réelle qu’elle ne le réalisait pas au premier abord.
____ Elle courut vers les autres sorciers qui s’organisaient par duo depuis un attroupement au centre de la place. Avec sa petite taille et ses bras frêle, elle semblait faire exception parmi ces hommes et ces femmes aguerris à la pratique des arts occultes, et dont la vie les avait gâtés d’expériences toutes plus exceptionnelles les unes que les autres. En pensant à toutes ces opportunités, à tout ce qui pouvait lui arriver en ces lieux, un frisson d’excitation parcourus le corps d’Ilya : elle était enfin à Kamar-Taj, à deux doigts de réaliser le rêve de son grand père, celui de faire d’elle une sorcière hors du commun.
____ Et elle comptait bien lui rendre grâce en l’achevant avec toute la détermination qui était nécessaire.


____ — Maître Haigha ?
____ L’Ancien n’avisa pas même un regard vers l’un de ses élèves endurcis lorsque celui-ci s’approcha d’elle, visiblement troublé.
____ — Pensez-vous qu’il soit sage de laisser entrer une enfant en ces murs ?
____ Maître Haigha était l’un des premiers élèves que recueilli l’Ancien dans les murs de Kamar-Taj peu de temps avant que les événements ayant secoué l’Institut Xavier ne se déroulent et signent le début de leur déclin. Elle lui portait assez de confiance pour lui permettre de discuter ainsi avec elle de ses décisions et d’écouter son point de vue.
____ — Qu’entends-tu par-là ?
____ — Je me demande simplement ce à quoi vous pensiez. Prodiguer ces enseignements à de nouveaux élèves en ces temps troublés ne risquerait-il pas de nous détourner de notre but principal ? Ces visiteurs se font de plus en plus pressants…
____ — Tu te trompes sur mes intentions, souffla-t-elle en souriant. Je ne compte pas former cette enfant dans le but d’empêcher le monde de courir à sa perte… mais pour qu’elle fasse partie de la génération qui l’aidera à se panser de ses blessures.
____ — Vous voulez dire que…
____ — Oui.
____ Elle glissa un regard vers le maître, l’apaisement et la confiance trahissant son état d’esprit.
____ — Notre but n’est pas de sauver ce monde, mais de s’assurer qu’il demeure un futur que nos enfants pourront reconstruire.
____ Un sourire mélancolique naquit sur les lèvres de l’Ancien, qui semblait d’ores et déjà connaître le sort qui lui était réservé.
____ — Nous devons nous assurer qu’ils ne commettent pas les mêmes erreurs que nous. Tout ce que nous sommes en mesure de faire… C’est de réduire leur impact sur le monde que nous connaissons. C’est pourquoi j’aimerai te charger d’une mission.
____ Le regard déterminé retranscrivait en tout point la loyauté infinie qu’il lui portait.
____ — Je vous écoute.
____ — J’aimerai… que tu te charges personnellement d’elle. Quoi qu’il arrive en ces lieux, ils ne doivent en aucun cas être sa dernière demeure. Elle, et tous les autres enfants de Kamar-Taj doivent survivre à ce que nous nous efforçons d’empêcher.
____ — Entendu.

[…]

____ Un coup de pied martela le sol pavé de l’esplanade suivi de centaines d’autres synchronisés. Même la jeune Ilya faisait de son mieux pour suivre les mouvements d’arts martiaux permettant d’échauffer et de préparer leurs corps à l’usage de la magie. Les cris et soupirs d’efforts résonnaient en cœur pour donner à chacun le courage et la force de continuer, sachant qu’ils étaient soutenus par leurs frères et sœur d’arme. Un coup de paume vers l’avant, puis un second.
____ Passé quelques minutes, tous dégoulinaient déjà de sueur due à leur effort. Ilya peinait à y voir clair, sentant les mèches de ses cheveux qui revenaient toujours obscurcir sa vue ou fouetter son visage. Elle devait constamment les replacer derrière son oreille, lui faisant perdre du temps de synchronisation.
____ — Ilya.
____ Elle se stoppa en entendant son appel. C’était Maître Haigha. Il lui fit signe de s’approcher, chose qu’elle fit dès qu’elle le remarqua. Elle s’éloigna assez de la zone d’entraînement pour ne pas gêner ceux qui poursuivaient les mouvements acrobatiques.
____ — Qu’est-ce qu’il y a ?, dit-elle essoufflée en essayant de chasser les mèches collées à son visage par la sueur.
____ Elle le vit sortir un petit anneau en tissu de ses paumes, habituellement tenues fermement l’une dans l’autre dans le bas de son dos. Elle l’observa avec surprise.
____ — Peut-être qu’il te serait plus facile de les attacher, tu ne penses pas ?
____ Elle lui sourit, à la fois frustrée qu’il ait remarqué sa gêne et touchée qu’il lui vienne en aide alors qu’elle troublait l’activité des autres sans même le vouloir. Elle lui emprunta l’anneau en tissu et tenta d’attacher ses cheveux comme le faisait sa mère, de manière bien maladroite. Bien que l’anneau soit peu épais, il semblait pouvoir contenir toutes ses mèches. Enfin, s’il était mis correctement, chose qu’Ilya peinait visiblement à faire une fois les mains derrière la tête. Haigha soupira, voyant que la petite n’était visiblement pas habituée à le faire elle-même. Malgré tout, il trouvait cela touchant, cette manière de vouloir persévérer même lorsqu’elle n’arrivait pas à faire la plus petite des choses, cette volonté d’indépendance. Il prit l’anneau en tissu des mains de l’enfant et la positionna dos à lui.
____ — Pour cette fois, je veux bien t’aider. Mais tu devras apprendre à le faire seule à partir de demain.
____ Ilya n’osait rien dire, beaucoup trop gênée. Elle murmura un « merci » dans un souffle, espérant qu’il ne lui en voudrait pas trop. Pour Haigha, cela semblait être le contraire. Au fond, il prenait plaisir à s’occuper d’elle, étant donné sa nature espiègle et généreuse. En quelques tours de passe-passe, il tressa les cheveux au-dessus de son crâne pour être certain qu’aucune mèche ne s’échapperait, et noua le tout en une queue de cheval haute. Une fois terminée, Ilya porta ses mains à ses cheveux, palpant la tresse sous ses doigts afin de comprendre comment tout cela était ordonné. Elle se retourna vers lui, arborant un magnifique sourire.
____ — Merci beaucoup !
____ — Retournes-y maintenant.
____ — Oui !
____ Il ne lui en fallu pas plus pour qu’elle retourne derechef s’entraîner auprès des autres, heureuse d’avoir trouvé un moyen de palier à ce problème.
____ De loin, l’Ancien avait observé la scène, un sourire franc et reconnaissant dessiné sur ses lèvres.

____ Le lendemain, lorsque vint l’heure de la leçon, Ilya s’attachait ses cheveux seule tout en marchant, avec une dextérité certaine. Elle devait avoir passé beaucoup de temps à répéter les mêmes gestes dans la soirée d’hier, afin d’être sûre qu’elle ne dérangerait plus le bon déroulement des entraînements. Cela fit sourire le Maître Haigha, qui ressentait une certaine fierté envers l’enfant. Elle ne se laissait pas faire, c’était une bonne chose.
____ Il fut si concentré dans l’observation de ses faits et gestes qu’il ne remarqua par l’Ancien qui s’était glissé à ses côtés.
____ — On dirait que tu es un bon professeur.
____ — …Oh, vous aviez remarqué ?
____ — Evidemment. Tu t’en sors bien.
____ L’Ancien fit demi-tour, les mains croisées dans le bas de son dos, l’air satisfait. Le sourire d’Haigha redoubla, imitant les gestes de son maître en plaçant ses mains dans son dos.
____ Difficile de se défaire d’une si vieille habitude.

[…]

____ — Chacun de vous dispose d’un anneau mystique que l’on vous a donné lorsque vous avez pénétré sur cette esplanade ce matin. Prenez-le, nous en aurons besoin pour la séance d’aujourd’hui.
____ Une fois que tous les élèves se soient placés en rangées égales, leur précepteur poursuivit les explications. En se concentrant sur un espace dont ils connaissaient l’existence et en convoquant leurs dons, ils pouvaient tracer un passage à travers l’espace grâce à cet anneau. Pendant un moment, Ilya n’y cru pas. Elle pouvait vraiment voyager, aussi simplement que ça ? Elle n’eut pas vraiment le temps d’y réfléchir que le maître avait déjà demandé qu’ils se placent devant un espace vide. Cela faisait déjà quelques semaines qu’elle était arrivée à Kamar-Taj, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle ne s’ennuyait jamais.
____ Ilya observa un temps le double-anneau entre ses doigts. Elle se décida à le passer à ses doigts ; après tout, si elle pouvait invoquer des boucliers, voyager à travers l’espace n’était pas plus étrange non ?
____ Elle tenta d’imiter les mouvements de l’élève à sa droite, tendant son bras face au vide, les pieds écartés sur le tapis, l’un plus en avant. Elle commençait à tracer des cercles concentriques avec sa main libre, tandis que l’autre, restée fixe, maintenait un point d’ancrage pour le portail.
____ Des crépitements dorés lui firent face. Elle sursauta, rompant l’apparition des prémices du sort.
____ — C’était donc ça…
____ Renfrognée et vexée par son propre échec, elle recommença une nouvelle fois. Au bout de quelques essais, elle parvint à former un rond plus ou moins stable, dont les crépitements lui donnaient une allure irréelle. Cependant, il reflétait toujours les murs d’argile de Kamar-Taj. Elle voulut passer un regard par-dessus son épaule afin de constater où en étaient ses pairs, sans se rendre compte qu’elle ne tournait plus son bras. Le portail disparu une nouvelle fois.
____ Elle réessaya cet exercice pendant plusieurs dizaines de minutes, se concentrant premièrement sur la stabilisation du portail en canalisant l’énergie extra-dimensionnelle. Une fois que cela fut plus ou moins acquis, elle réfléchit à un endroit cher à son cœur, qu’elle pouvait facilement visualiser. « Une fois votre portail stabilisé, vous pourrez ouvrir une porte vers un des innombrables lieux du multivers. Il vous suffit d’y penser ».
____ Elle déglutit, sachant parfaitement quel endroit correspondait à tout cela. Une certaine nostalgie l’envahit ; cela faisait si longtemps qu’elle ne s’y était pas rendu, entre son voyage au Népal et ses entrainements, ses visites s’étaient faites de plus en plus rares.
____ Elle continua de tourner sa main dans le sens des aiguilles d’une montre, laissant apparaître à travers son portail le paysage d’une clairière abandonnée, où la neige fondait sous les rayons du nouveau soleil de printemps. Les primevères commençaient à percer la couche de neige, arborant avec fierté leurs pétales encore jeunes.
____ Seule une tombe était perceptible à travers le portail, éloignée de toutes les autres. Celle de son grand père.
____ Une envie irrésistible de traverser l’espace pour se rendre à Dommstadt s’éveilla en elle. Ses mains retombèrent contre son corps, sachant que le portail était d’ores et déjà stabilité. Pourtant, elle ne bougeait pas, se contentant d’observer à travers les crépitements doré un rendez-vous qu’elle avait trop longtemps reporté.
____ Finalement, l’Ancien se glissa à ses côtés, ayant terminé sa ronde auprès de ses autres élèves afin de témoigner de leurs progrès. Elle resta silencieuse en observant le portail de la jeune enfant, lisant aisément l’inscription sur la stèle, bien qu’elle soit en partie couverte par quelques restes de neige tombant du sommet. Voyant que son élève ne bougeait toujours pas, il se décida à briser le silence.
____ — Tu sembles avoir parfaitement réussi l’exercice, pourtant je sens que quelque chose trouble tes pensées.
____ L’Ancien déclina un regard protecteur vers elle, bien qu’elle fixât toujours l’horizon.
____ — Est-ce un lieu où tu souhaites te rendre ?
____ L’enfant leva ses yeux vers elle, caressant du bout des doigts l’anneau mystique qu’elle portait. Elle rabaissa son regard vers son portail, l’air nostalgique.
____ — Oui mais… Je ne peux pas, pas maintenant.
____ — Pourquoi ?, sa voix claire décontenança Ilya l’espace d’un instant.
____ — Je ne suis pas encore devenue une sorcière dont il pourrait être fier. Je lui ai promis de revenir une fois que ce serait le cas.
____ L’Ancien posa une main rassurante sur son épaule, déplaçant son regard vers le portail.
____ — Peut-être qu’aujourd’hui il t’est impossible de remplir cette promesse, mais demain sera un tout autre jour. Tu dois te laisser du temps, ces choses-là ne se feront pas en quelques semaines.
____ L’enfant hocha la tête.
____ — Tu as beaucoup de talent, laisse-lui simplement le temps de s’exprimer.
____ Elle retira sa main de son épaule en voyant le sourire déterminé qu’elle lui lança. Ilya y arriverait, elle en était convaincue.
____ — J’aimerai que tu m’accompagnes sur le chemin forestier demain. Je pense que nous y trouverons beaucoup de réponses à nos questions. Pour le moment, poursuis ton entrainement.
____ Ilya acquiesça, se remettant au travail. Elle était heureuse de sa proposition, attendant le lendemain avec impatience.

[…]

____ Ilya foulait du pied les herbes hautes qui parsemaient le sol de la forêt, absorbée par la beauté du paysage forestier de l’Himalaya. Au-delà de la cime des arbres, la chaîne de montagne fière et importante dressait avec honneur une vue hors du temps, comme si celle-ci appartenait à une autre époque qu’elle n’aurait pu contempler. Elle sentait un sentiment de transgression l’envahir, comme si la simple présence humaine allait à l’encontre des règles de ce lieu. Les rayons du soleil qui filtraient à travers le feuillage des arbres majestueux éclairait la faune et la flore d’une douce lumière dorée, changeant au grès du vent. Elle s’arrêta au milieu de la forêt, à quelques mètres de la fin du chemin créé par les hommes. Ses yeux se fermèrent, profitant du calme et de la plénitude qui l’envahissait. Elle ne s’était jamais sentie autant elle-même qu’au milieu de cette forêt.
____ L’Ancien lui laissa quelques minutes avec elle-même avant de la rejoindre et de percer le silence. Malgré tout, sa voix semblait si posée qu’elle donnait l’impression d’appartenir à cet endroit.
____ — Enivrant n’est-ce pas ?
____ Ilya répondit avec un hochement de tête. Elle pourrait rester dans cette forêt indéfiniment.
____ — J’ai ressenti la même sensation lorsque je suis venue ici pour la première fois. Ce fut également le cas pour certains de mes élèves.
____ — Merci de m’avoir emmené ici.
____ — Bien que cette forêt soit à couper le souffle, j’avoue t’avoir demandé de m’accompagner pour un autre but.
____ Ilya se retourna vers elle. Elle avait piqué sa curiosité.
____ — Ilya, t’es-tu déjà essayée à la méditation avant d’entrer à Kamar-Taj ?
____ — Pas vraiment…
____ L’Ancien esquissa un sourire.
____ — Je m’en doutais. Tu n’avais pas l’air à l’aise en méditation avec les autres.
____ L’adulte observa un moment le calme de la forêt, en profitant quelques instants avant de revenir à sa discussion avec son élève.
____ — C’est pourquoi je te propose de passer tes séances ici. La plupart de mes élèves qui éprouvaient du mal à méditer parmi les hommes ont trouvé une compagnie accueillante chez la nature. Maître Haigha t’accompagnera pour les premières fois jusqu’à ce que tu te sentes plus à l’aise. Qu’en dis-tu ?
____ Un sourire surpris éclot sur ses lèvres. Sans réfléchir, elle se jeta sur l’Ancien et entoura ses hanches de ses petits bras, poussée par l’émotion. Elle murmura un « merci » plein d’énergie et d’engouement, sans relâcher son étreinte. Puis se rendant compte qu’il s’agissait de l’Ancien, elle se recula, affichant un sourire nerveux.
____ — …Désolée !
____ — L’affection ne devrait pas être quelque chose pour laquelle on s’excuse, répondit-elle en souriant. Tu peux commencer ta séance d’aujourd’hui dès maintenant, Maître Haigha viendra à ta rencontre une fois que tu auras terminé.
____ Elle hocha la tête, prenant place sur un rondin de bois entre deux épais arbustes.

*




____ Un poing fusa vers son visage, mais il ne fut pas assez rapide pour être inesquivable. Elle frappa sa paume droite sur ce dernier, déployant un prisme en forme de bouclier en son creux. Son autre main agrippa le biceps du jeune homme qui lui faisait face, le faisant basculer sur le côté. Son genou vint frapper ses côtes, le clouant au sol. Elle renforça sa prise sur le poignet de l’homme, son regard planté dans le sien.
____ — Eh bien, on se laisse distraire ?
____ — Ne sois pas trop arrogante.
____ En un rapide tour de passe-passe, l'adolescent l’éjecta sur le côté en frappant son torse. En position de faiblesse, sur le dos, Ilya l’observait revenir vers elle, formant une arme magique entre ses doigts. Elle prit appuis sur ses mains et ses pieds, élevant ses jambes dans les airs pour se redresser et esquiver son coup. L’un de ses boucliers frappa sa lame, juste à temps pour qu’elle ne voit arriver un second poing vers son visage.
____ Le son du gong stoppa le coup dans son élan, faisant voleter ses mèches blanches autour de son visage. Elle sourit au jeune homme qui lui faisait face avant de pencher son buste vers l’avant pour le remercier pour cette séance. Il l’imita, avant d’agripper deux serviettes, l’une envoyée volontairement vers elle de manière taquine. Elle le remercia avec un sourire espiègle, se retenant de lui rendre la monnaie de sa pièce. Au lieu de ça, elle épongea les gouttes de sueur qui dégoulinaient de son visage.
____ — Ilya.
____ — Qu’est-ce qu’il y a ?, demanda-t-elle en s’approchant.
____ — L’Ancien aimerait te voir.
____ — J’y vais tout de suite, merci Maître Haigha !
____ Sa silhouette disparue à travers les dédales de Kamar-Taj.

[…]

____ Ilya toqua de deux coups la surface lisse de la porte en bois avant de l’entrouvrir. L’Ancien la salua d’un signe de tête, se redressant de son siège. Elle pouvait observer les divers rouleaux et livres qui parsemaient la table devant laquelle elle était préalablement assise. Elle referma la porte derrière elle, s’y adossant un instant. Cela faisait deux ans qu’elle avait suivi les enseignements de l’Ancien, mais malgré tout, elle n’arrivait toujours pas à se défaire de l’atmosphère mystique qui l’entourait, et combien son regard perçant pouvait la déstabiliser.  
____ — C’est un sentiment étrange de te voir grandir aussi vite. Dire qu’il y a quelques temps, tu peinais à t’entrainer seule et te voilà en train de mener la vie dure à d’autres élèves.
____ — Caem ne me rend pas la chose facile, ria-t-elle.
____ — Je n’en doute pas.
____ L’Ancien s’approcha d’Ilya, les mains croisés dans son dos comme à son habitude.
____ — Si je t’ai fait venir, c’est pour t’apprendre quelque chose de nouveau. Je t’ai observé pendant ces derniers mois, tu es prête. Laisse-moi te présenter…
____ L’adulte releva son bras sur la gauche, ouvrant son poing en donnant l’impression de jeter un objet depuis sa paume sans que rien n’en sorte. En un instant, l’espace à côté de lui se cristallisa, prenant la forme de centaines de miroirs ondulants les uns contre les autres.
____ — La dimension miroir.
____ Ilya observait précisément son mentor. Elle avait lu à mainte reprises le nom de cette dimension dans les divers livres qu’elle avait eu le loisir de lire pendant ces dernières années : c’était une dimension alternative, où la matière n’existait pas, où toutes les entités magiques étaient plus puissantes.
____ — Suis-moi.
____ Elle le vit faire un pas à travers le mur de miroir. Bien qu’elle appréhende sa propre entrée dans une dimension inconnue, sa confiance en l’Ancien était assez forte pour qu’elle ne discute pas ses conseils. Elle le suivit alors, ravalant sa salive.
____ Ce qu’elle y trouvait était en tout point similaire à la pièce qu’elle venait de quitter, si bien qu’elle crut avoir échoué à traverser le passage. Mais l’Ancien étant désormais devant elle, elle n’avait pu que le rejoindre.
____ — J’aimerai qu’à partir d’aujourd’hui, tu t’entraines à invoquer les entités magiques  ici, dans la dimension miroir. Leurs pouvoirs sont décuplés, ce qui rendra ta tâche plus difficile, mais je suis sûre que tu pourras t’en sortir.
____ En vérité, son temps était compté. Des anomalies étaient apparues dans le Multivers ces derniers mois, et il ne faisait aucun doute sur le fait que la Terre ne puisse échapper à son lot de désastre. Si elle voulait pouvoir enseigner à ses élèves comment se défendre pour l’avenir, l’heure n’était plus aux batifolages. Avec une si courte période, elle ne pouvait plus les ménager. Il fallait frapper fort, et vite avant qu’elle ne puisse plus en être capable.
____ — Il me semble que tu es déjà familière avec les Octessences. Commençons par Balthakk.

*


____ Les gazouillements des oiseaux résonnaient à travers la clairière. Pourtant, ils ne semblaient pas troubler le repos de la seule présence humaine en ces lieux, celle d’une jeune femme aux longs cheveux blancs tressés dans son dos. Ses jambes, croisées en tailleur sur un tronc en bois, soutenaient ses paumes ouvertes sur ses genoux. Les traits de son visage avaient d’ores et déjà commencé à perdre leurs rondeurs enfantines, soulignant son entrée dans l’adolescence. Désormais âgée de quinze ans, Ilya s’était habituée à sa vie en tant que sorcière à part entière.
____ Une mèche se détacha de sa tresse, retombant mollement sur son visage. Cependant, ce ne fut pas cela qui la fit sortir de sa méditation, mais une tout autre raison. Quelque chose approchait. Et ça ne sentait pas bon.
____ Ses yeux bleus dardèrent l’horizon à la recherche de ce qui aurait pu provoquer en elle cette réaction instinctive, sans ne rien trouver. Elle se redressa subitement, réveillant l’écureuil qui s’était endormi sur sa cuisse.
____ Elle amorça sa marche vers Kamar-Taj, convaincue que quelque chose allait arriver. Il fallait qu’elle s’assure que tout le monde allait bien.

[…]

____ Ses yeux se rouvrirent instantanément, poussés par l’adrénaline. Et pourtant, elle ne voyait rien. Sa respiration était courte, saccadée, aussi légère qu’un souffle. Et puis la douleur vint. Elle sentait quelque chose comprimer son torse. Elle cligna des yeux plusieurs fois, tentant de se faire à son nouvel environnement. Ses pupilles cherchaient instinctivement une porte de sortie. Puis elle comprit.
____ Elle était ensevelie sous les débris des piliers de Kamar-Taj.
____ Elle commençait à se souvenir de tout. Son pressentiment. L’Ancien. L’attaque. Les hurlements. Elle aurait dû se fier à son instinct. Mais qui étais-ce ? Pourquoi maintenant ? Elle n’avait pas le temps de penser à ce genre de choses. La panique devait s’emparer de Kamar-Taj à l’heure où elle parlait, elle ne pouvait pas perdre une seconde de plus.
____ Soudainement, Ilya relâcha sa magie à l’extérieur de son corps, poussant les débris hors de son corps en les faisant léviter au grès des mouvements de ses mains. Une fois remise sur pied, elle courut à travers les restes des couloirs, cherchant un visage connu, Caem, Haigha ou même l’Ancien. Elle priait pour que rien ne leur soit arrivé.
____ Elle se stoppa instantanément devant la scène qui se déroulait devant ses yeux. La moitié de l’esplanade avait été détruite, et sur ses vestiges se déroulait une bataille acharnée entre les Maîtres et des humanoïdes mécaniques. Elle n’avait jamais vu telle entité.
____ — ILYA, DERRIÈRE TOI !
____ Elle eut à peine le temps d’emprunter les vestiges magiques de Raggadorr qu’elle perçut une attaque venir dans son dos. Les bagues pourpres bloquèrent un missile d’énergie porté à son encontre, jouant de barrière devant ses deux poings.
____ Elle sentit quelqu’un se presser contre son dos. C’était Caem.
____ — Où est-ce que t’étais ?
____ — J’ai dû être prise dans le feu de l’attaque, je me suis réveillée sous des débris. Qu’est-ce qu’il se passe ici ?!
____ Tous deux restaient collés dos à dos, remontant leurs gardes pour ne pas se faire surprendre par de possibles attaques en traîtres. Ils comblaient chacun les points morts de l’autre, combattant plusieurs êtres cybernétiques arrogants qui osaient s’approcher trop près d’eux.
____ — Ces guignols ont débarqué à la fin de l’entrainement et ont commencé à tout détruire sur leur passage. L’Ancien a commencé à les combattre et nous avons tous suivi son exemple mais ils sont relativement coriaces.
____ — Où est-il ?
____ — Sur le toit. Haigha est ave-…
____ A l’instant où il prononça son nom, la silhouette du Maître perça le plafond, s’écrasant sur le sol dans un craquement significatif.
____ — HAIGHA !
____ Caem agrippa l’épaule d’Ilya, l’empêchant d’aller à sa rencontre.
____ — Je gère ici. Occupe-toi de notre maître à tous.
____ Elle hocha la tête. Caem était un sorcier aguerri, il saurait quoi faire pour Maître Haigha. Elle fusa en direction du toit sans perdre de temps.


____ Un frisson la parcourut une fois arrivée sur le sommet de la bâtisse. Son maître était là, les tempes dégoulinant de sang à cause des blessures qu'il avait reçu, mais malgré tout, il ne perdait rien de la splendeur naturelle qui l'entourait. Deux prismes concentriques s'articulaient autour de ses doigts, se divisant en éventails lorsqu'elle prenait l'ascendant offensif.
____ Elle était surprise de l’aisance avec laquelle il repoussait les vagues d’attaques des Chitauri. Lorsque trop d’entre eux s’approchaient, il n’hésitait pas à faire appel aux crocs de Farallah pour découper un escadron en entier ou bien à les chasser dans la dimension miroir où des entités plus malfaisantes se chargeraient d’eux, simplement pour gagner du temps. Et puis d’un seul coup, il fit exploser sa magie autour de lui, repoussant des robots trop aventureux qui tentaient de l’attaquer par derrière.
____ En voyant ses doigts s’articuler d’une certaine manière, elle comprit l’espace d’un instant ce qu’il avait en tête : faire appel à Ikkon.
____ Elle ne s’était pas trompée. Dans la seconde qui suivirent, des milliers de doubles de l’Ancien s’éparpillèrent tout autour de l’esplanade et de la bâtisse, combattant chaque Chitauri en copiant ses mouvements. En un instant, l’ensemble des attaquants furent annihilés par autant de crocs de Farallah que l’on dénombrait de copies.
____ Tous les doubles revinrent à l’intérieur du corps originel alors que les cadavres cybernétiques tombaient au sol dans l’explosion de leurs réacteurs. Elle vit son regard tomber sur elle, incroyablement serein.
____ — Te voilà. Je craignais que tu n’aies été blessée.
____ Elle hocha la tête négativement.
____ — …Qui sont-ils ?
____ — Un peuple alien, venu pour conquérir notre terre. Ce ne sont pas les seuls.
____ Un bruit sourd, tel celui d’un cor, retentit. Tous deux levèrent les yeux au ciel, remarquant des vaisseaux percer les nuages dont la forme se rapprochaient de celle du plus grand animal marin ; la baleine. Des centaines de silhouettes robotiques écrasèrent les tuiles en atterrissant. Ça n’en finissait jamais. Peu importe les efforts qu’ils mettaient à les repousser conjointement, toujours plus de Chitauri descendaient des vaisseaux, qui s’approchaient dangereusement de la ville basse. Plus l’attaque trainait en longueur, plus elle sentait le potentiel magique de l’Ancien diminuer. Et la seule raison à ce phénomène ne pouvait être que l’ankh dessinée sur son front. Elle lui donnait l’impression de drainer ses forces au fur et à mesure qu’elle lui conférait de puissants pouvoirs.
____ La chaleur des sept soleils de Cinnibus la coupa dans ses réflexions. Des lignes de lave serpentines s’élevaient dans le ciel en visant directement les baleines volantes, faisant exploser une partie de la flotte au contact. En faisant appel à Watoomb, les débris furent repoussés hors de la ville basse, protégeant ses habitants de l’attaque des forces extra-terrestres.
____ L’Ancien, à lui seul, symbolisait le rempart contre la menace qui les envahissaient. Le voir combattre de toutes ses forces galvanisait les troupes, leur redonnant une énergie oubliée et expirait leur fatigue. Massive et destructrice, la simple venue d’une partie des forces alien faisait trembler la Terre et voilait le ciel dans un essaim sombre qui empêchait les rayons du soleil de les bénir.
____ Mais l’Ancien demeurait impassible malgré les lasers qui criblaient son corps, frayant son propre chemin dans la masse telle une force silencieuse qui abattait les troupes ennemies. L’incarnation de crocs déchiquetaient les ennemis, tandis que des portails apparaissaient en rythme, déployés par les maîtres afin d’éloigner la menace hors de Kamar-Taj. L’art martial de l’Ancien, affiné par tant d’années de pratique, menait la vie dure aux carcasses cybernétiques. Des membres amputés voltigeaient autour d’eux, bercés par la mélodie crépitantes de câbles arrachés, leur sang bleu tâchant leurs toges sacrées. Des explosions d’énergie annihilaient des escadrons entiers tandis des flammes empruntées à Faltine dardaient l’ennemi de tous les côtés sans lui laisser un instant de répit.
____ Et malgré le capharnaüm qui les entourait, les mouvements de l’Ancien restaient incroyablement silencieux, n’émettant aucune fatigue suite aux voltiges qui lui permettaient d’éviter les lasers massifs qui le harcelaient. D’énormes disques prismatiques protégeaient son corps, épaulés par les Maîtres mêlés au conflit, qui déchargeaient des salves d’énergies bleutées capables de désintégrer les meilleures défenses. Elles se condensaient en de minuscules sphères d’énergies qui déchargèrent en pulsar une magie pour le moins foudroyante.
____ La violence déversée sur Kamar-Taj ne faisait que souiller ces lieux purs, où depuis de nombreuses années, l’on avait connu que la paix. D’un coup, de violents vents naquirent autour de cet être mystique qui, à la même puissance qu’un ouragan, déracinèrent les armatures alien, les envoyant s’écraser dans l’océan lorsqu’elles n’étaient pas broyées tel de vulgaires rondins.
____ Cependant, les vaisseaux-baleines continuaient de sillonner les nuages se rapprocher le plus près possible de l’esplanade et déverser les troupes qui frémissaient d’impatience à l’intérieur. Les flammes qu’invoquait les Maîtres ne furent d’aucune utilité si ce ne fut d’enrager les bestiaux aux capacités de destruction massive hors normes.
____ Surpris par de nouvelles foulées ennemies, l’Ancien recracha plusieurs coulées de sang, encaissant les coups que ni lui, ni Ilya n’avaient pu prévoir à cause de leur nombre bien trop important. Mais toucher un être de telle pureté n’en fut pas sans conséquence, et l’Armée des Chitauris semblait l’avoir compris : une nouvelle fois, l’on vit des centaines de copies de l’Ancien remplir l’esplanade toute entière, lévitant partout dans la ville basse et déchaînant des ravage parmi les troupes adverses.
____ L’explosion de sa magie était telle qu’il semblait les annihiler comme de  vulgaires figures de cendres.  Et comme s’ils étaient tous agencés par un même chef d’orchestre, les doubles se mirent à emprunter simultanément ses pouvoirs de Cyttorak, entourant les vaisseaux d’énormes fils pourpre. Bientôt, chacun des vaisseaux explosa suite à l’attaque coordonnée, et plus aucun Chitauri ne resta sur place. Une armistice semblait ordonner la cessation des conflits, devant l’éradication du peuple alien.
____ Ce n'est que plus tard que l'on se rendit compte de leur négligence. Lorsque l'un des maîtres voulu chasser les Chitauri dans la dimension miroir, il ouvrit sans s'en rendre compte un passage pour tous ceux qui y avaient été enfermés par l'Ancien au début de la bataille et qui préparaient leur vengeance depuis lors. Des centaines de lasers criblèrent le corps des maîtres et élèves de Kamar-Taj avant que l'on ne puisse les mettre hors d'état de nuire.
____ Ilya vit l’Ancien chavirer un instant alors qu’elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour repousser les derniers assauts mécaniques. Et puis une salve de lasers concentrés perça la masse humaine, se déployant directement sur son mentor. Sans réfléchir, elle se jeta sur lui, déployant toute la force du bouclier de Seraphim autour d'eux, sans savoir que s'était d'ores et déjà trop tard.
____ Et alors que le calme retombait sur le champ de bataille, un cri fendit le silence.
____ — ILYA !

[...]


____ Caem perçait la foule de sorciers qui s'étaient amassée autour d'eux, l'oeil gauche refermé à cause du sang qui s'écoulait de sa plaie. Et puis il la vit, couverte de sang et allongée sur une masse informe qu'il ne pouvait distinguer de là où il était. Des prismes concentriques entouraient les deux silhouettes comme un dôme protecteurs aux couleurs pourpres, signature de Seraphim.
____ Au fur et à mesure que Caem s'approchait, il pouvait entendre des sanglots paniqués émaner des deux sorciers. Au fond de lui, l'inquiétude grandissait. Des frissons parcouraient son échine alors que les prismes se désagrégeaient uns à uns, rompant la barrière protectrice qui les entouraient.
____ Un soulagement l'envahit lorsqu'il réalisa que le sang qui couvrait la tenue traditionnelle d'Ilya n'était pas le sien. Un sentiment qui l'apaisa et le dégoûta à la fois : ce sang, c'était celui de l'Ancien. Il le vit recracher du sang.
____ Ilya releva son buste avec une lenteur maladive, son regard se perdant dans la contemplation de la foule qui la fixait de toute part. Pendant un bref instant, elle se sentie comme une inconnue, dévisagée.
____ Et puis l'Ancien se releva, avec toute la prestance qui l'habitait encore, en position assise. Ilya fondit sur lui, l'aidant à se stabiliser. Et elle la remarqua. Sa blessure qu'il s’obstinait à cacher en pressant sa main par-dessus.
____ Une partie de son abdomen avait été emporté par un rayon laser.
____ Ilya savait que c'était une blessure grave. Trop grave. Mortelle. Mais son esprit en fit abstraction, l'espace d'un instant. Elle n'était pas prête à le réaliser.
____ Ses mains se mirent à trembler d'elles-mêmes et si Caem n'avait pas posé une main sur son épaule, elle se serait sûrement mise à paniquer. Mais sa présence la rassurait, très peu, mais assez pour qu'elle ne perde pas les pédales. Elle le sentit prendre place à ses côtés, assis lui aussi.
____ L'Ancien, lui, demeurait stoïque. Son sourire sempiternel ne s'effaçait jamais de son visage. Son regard parcourra l'assemblé, et en un sens, il ressentit un immense bonheur l'envahir. Ses élèves allaient bien. Ils étaient blessés, mais en vie. C'est tout ce qui importait.
____ — I-Il faut.. Prévenir Haigha... Vous avez besoin de soins et-et...
____ Sans un mot, l'Ancien posa sa main sur celle d'Ilya qui ne cessait de trembler. Le regard qu'ils partagèrent valait plus qu'une centaine de mots. Elle sentit les larmes monter. Tentant de rester fière, elle ne détourna pas le regard, les laissant rouler sur ses joues frêles.
____ — Tu ne seras pas seule, Ilya.
____ L'entendre prononcer ces mots provoqua en elle une myriade de sentiments contraires, entre l'égoïsme et la peur, la tristesse et la compassion. Sa voix craquelée tenta de lui répondre, avec toute la splendeur qu'elle avait tant de fois admirée chez son mentor.
____ — Je ne veux pas que vous mourriez, pas- pas maintenant.
____ — La mort n'est pas une fin en soi... Car j'ai fois qu'en vous tous résidera une partie de mes enseignements. Vous prouverez... que mon existence fut réelle, et j'espère avoir pu changer les possibilités de notre futur en cela, mais...
____ Il glissa son regard vers Caem, puis vers Haigha, resté à quelques mètres de là qui ne les quittait pas du regard.
____ — Il ne s’agit pas seulement de vous, ou bien de moi, Ilya. Vous devez… devenir les héros qui répareront nos échecs, et redresseront la Terre vers une nouvelle ère… Votre but est de protéger les humains plus que votre propre vie. Vous devez servir une cause plus grande que vous-mêmes.
____ L’Ancien fut pris d’une toux insoutenable, lui faisant cracher quelques coulées de sang.
____ — Mon enseignement le plus important… fut celui de vous préparer à l’avenir, à hériter… des fautes que nous avons commises. Même en mon absence, vous devrez vous souvenir… A quel point l’âme humaine peut être belle et à quel point elle vaut la peine… que l’on se batte pour elle.
____ Ilya sentit la main de Caem se raffermir sur son épaule. Lui aussi, ressentait la même peine qu'elle éprouvait à l'idée de le voir quitter ce monde.
____ — Mon seul regret aura été de vous imposer cette tâche. De vous avoir préparé pour un futur dont vous n'avez jamais été conscient.
____ Une larme discrète roula sur le visage de leur mentor.
____ — Chacun d'entre vous... porte en lui un nouvel espoir. Ne cessez jamais d'apprendre, ou de vous battre... pour ce que vous croyez juste.
____ Son regard se perdit dans la contemplation du ciel, ses yeux vitreux retranscrivant la beauté des arches pourpres.
____ — Ilya... Puis-je formuler une énième demande ?
____ Elle hocha la tête, sachant que si d'aventure elle devait parler, ses larmes ne pourraient s'arrêter de couler.
____ — Pourrais-tu me montrer la neige tomber, une toute dernière fois...
____ Elle acquiesça, approchant sa main de son visage avec une lenteur incroyable. Ses doigts se colorèrent d'une douce aura rougeoyante, tandis qu'aux yeux de tous, l'illusion d'un mois de décembre s'installait devant leurs yeux, petit à petit. La neige se mit à tomber du ciel, comme de minuscules grains de poussière dans l'immensité du ciel.
____ — Merci...
____ La main de la jeune femme rejoins celle de l'Ancien, la pressant entre ses doigts avec toute la force de son amour et de sa reconnaissance. Elle le vit soupirer, et en un instant, elle vit son regard perdre la flamme qui l'animait autrefois, les yeux emplis de la beauté de ce spectacle d'hiver.
____ Les frissons qui parcouraient son corps s'accentuèrent de plus en plus alors qu'elle relevait ses doigts vers son visage, abaissant ses paupières sur ses prunelles dénuées de vies. Des larmes toujours plus nombreuses que les précédentes roulaient sur ses joues alors qu'elle s'obstinait à maintenir l'illusion de ce paysage, dans l'espoir que l'Ancien resterait avec eux aussi longtemps qu'elle le ferait.
____ Elle sentit Caem l'attirer contre lui dans une étreinte qui se voulait rassurante. Son torse se soulevait à intervalles régulières, au rythme de ses propres pleurs qui demeuraient discrets malgré la peine qui lui vrillait le cœur. Sa main ne lâchait pas celle de son mentor, au contraire, elle la serrait d'autant plus.
____ Alors qu'il caressait ses cheveux blancs, Caem lui murmura avec autant de retenue qu'il le put.
____ — Ilya, tu dois... le laisser partir...
____ Elle ferma ses yeux contre lui, son visage perdu dans ses bras.
____ Il le faut, souffla-t-il en glissant son autre bras autour d'elle.
____ Dans un sanglot, l'illusion se dissipa progressivement, ramenant chacun des sorciers à la réalité et au paysage magnifique de ce qui fut un temps l'école de Kamar-Taj.

[...]

____ Une fois le calme revenu à Kamar-Taj, Ilya s'employa à panser les blessures de chacun dans l'espoir qu'un jour, cette attaque ne devienne qu'un lointain cauchemar. Haigha était plus touché que le reste des survivants : sa jambe droite frissonnait involontairement à cause du choc retenu par ses nerfs. Il devait désormais constamment s'appuyer sur une canne pour ne pas vaciller. Il lui faudrait plusieurs mois avant de retrouver ne serait-ce qu'un quart de sa motricité. Mais il le fallait, coûte que coûte.
____ Désespérée, Ilya fit appel à son frère, Amon, pour l'aider à reconstruire Kamar-Taj. Elle passa ainsi les deux prochaines années à redonner sa splendeur à cette école d'antan sans leur maître à tous pour les conseiller. Bien que l'édifice soit reconstruit en quelques semaines, la volonté et la détermination de tous les Maîtres des arts occultes subissaient des dégâts que le temps seul pourrait réparer : l'Ancien n'était plus, et bientôt, bon nombre de sorciers mal intentionnés revendiqueraient sa place comme protecteur de la Terre.
____ Mais elle ne laisserai jamais faire ça, laisser tomber son enseignement dans l'oubli. Aussi longtemps qu'elle serait en vie, personne ne prendrait la place de l'Ancien, que ce soit sur le plan politique ou dans le cœur de chacun de ses élèves. Ils continueraient à parler de l'Ancien comme le plus grand sorcier qu'ils aient jamais connu, sans laisser la perversité les contrôler. Elle y arriverait. Il le fallait. Pour Caem, Haigha, et tous les autres sorciers de ce monde.
____ Enfin, c'est ce qu'elle croyait. Le Breaking Point arrivait à grands pas, et avec lui, le chaos s'emparerait des hommes.

*







Dernière édition par Langreen le Sam 10 Nov - 19:20, édité 1 fois
InvitéInvité
MessageSujet: Re: BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster  BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster EmptySam 20 Oct - 20:52



CONFESSIONS DE

REYKJAVÍK





Les récits d’Islande semblent en partie indéchiffrables. Il vous
faudra un peu plus de temps pour arriver à les lire. Vous
ne pouvez distinguer que le premier et le dernier paragraphe.
(en cours)


____ Un an après l’attaque de 2060, que l’on appelle également « Break Point », Ilya s’était retranchée en Islande, une contrée aux magnifiques paysages nordiques ; depuis la chute de Kamar-Taj, elle s’était employée auprès du S.H.I.EL.D. pour de prévenir les futures attaques envers le genre humain mais malgré tout, ils n’avaient pas pu empêcher le monde de sombrer dans le chaos. Comme tout autre pays, l’Islande avait subi de lourds dégâts humains et technologique en tant que centre d’accueil pour certains peuples aliens dans ses alentours il y a quelques années. Ilya s’est donc proposée pour venir en aide aux agents gouvernementaux.
____ Bien que son ascendance avec la Latvérie pouvait causer quelques problèmes après les guerres menées par son grand-père, elle était désormais majeure et apte à démontrer sa détermination envers ses pairs. Peu de choses pouvait lui faire oublier l’impuissance qu’elle avait ressenti trois ans plus tôt, et aider le S.H.I.E.L.D. et ces survivants en faisaient partie.
____ — Ilya ?
____ — Mh ?
____ — J’aurais besoin que tu prennes Alphonse avec toi et que vous vous occupiez de la zone 12, aux alentours de Reykjavík pour les semaines à venir. Comme toutes les capitales, le taux de criminalité y a fortement augmenté et les travaux de reconstructions ralentissent à cause de ça. Je te fais confiance.
____ — Tu peux compter sur moi Aaron.
____ — Tu l’as prouvé de nombreuses fois. Fais attention à toi.
____ — Toujours.

[…]

Le reste de la page semble indéchiffrable.


Vous tournez les pages jusqu'à voir de nouvelles écritures.


____ En voyant les lettres gravées sur le cuir de la mallette, Ilya décrocha instantanément son téléphone. Après une brève sonnerie, une voix lui répondit. Elle ne prit pas le temps de l’écouter et la coupa en plein élan.
____ — C’est toi qui a posé une mallette chez moi ?
____ Bonjour à toi aussi Ilya, c’est toujours un plaisir d’échanger des banalités avec toi…
____ — Al.
____ Oui, oui, j’ai compris. Une mallette tu dis ? Non, j’ai rien à voir là-dedans.
____ Elle avisa l’objet d’un air suspicieux.
____ — D’accord merci. Désolée pour le dérangement.
____ Y’a pas de quoi.
____ Elle appuya sur l’écran de son téléphone avant de le poser sur le meuble le plus proche. Elle s’avança, agrippant la mallette par la hanse pour venir la poser à plat sur la table basse de son salon, s’asseyant confortablement sur la banquette du canapé. Bien que réticente, elle l’ouvrit après un moment de réflexion.
____ L’intérieur était arrangé de manière parfaite, selon plusieurs cases. Une tablette reposait sur une sorte de couffin en tissu, posée à côté d’une petite boite carrée dont la face haute était transparente, révélant une sorte de montre dernier-cri. Ce qui semblait être un passeport se trouvait entre les deux appareils électroniques. Dans la partie supérieure de la mallette était glissé un dossier en papier crépon retenu par un demi filet. Elle s’empressa d’ouvrir le dossier crépon. Elle y lu les plans concernant une infrastructure militaire et la description détaillée de son fonctionnement et de son but, ainsi que de sa localisation : aux Etats-Unis, dans le Nevada.
____ Apparemment, il s’agissait d’un camp d’entrainement pour les « jeunes atypiques et indépendants » dans lequel ils pourraient apprendre à mieux maîtriser leurs pouvoirs afin d’empêcher des catastrophes comme le Break Point de se reproduire. En lisant ceci, elle ne put s’empêcher de sourire brièvement : Aaron avait vraiment été jusqu’au bout.
____ Elle poursuivit sa lecture, tombant sur les présentations de chacun des directeurs. La page suivante ressemblait plus à un feuillet qu’autre choses, où était posé un post-it vert fluo qui déchantait avec le cadre professionnel du dossier. Elle l’arracha de la page de garde, lisant l’inscription.

Je pensais que ça aurait pu t’être utile. Voici tout ce
que le S.H.I.E.L.D. a sur toi.

____ Elle souleva la première feuille et vit en effet un portrait d’elle réalisé à son entrée au service du S.H.I.E.L.D., bien qu’il soit momentané, en Novembre 2060. Dans les pages qui suivirent, elle y trouva toute sa vie racontée dans tous les détails qui avaient été possible à l’agence de rassembler. Elle retira le feuillet personnel du dossier et le posa sur le côté du sofa. Elle y jetterait sûrement un œil plus tard.
____ Elle feuilleta ensuite le passeport où toutes les destinations étaient apposées du sceau encré du S.H.I.E.L.D., lui permettant de voyager partout dans le monde par voies légales. Bien qu’elle pût techniquement faire ça grâce à son anneau mystique, elle supposait que ça ne serait pas très professionnel de refuser l’aide que l’on lui apportait – ou plutôt, qu’on lui conseillait fortement de ne pas refuser.
____ Elle posa le passeport au-dessus du dossier et du feuillet, agrippant la tablette. Une fois qu’elle posa les mains dessus, elle s’alluma presque instinctivement, comme si sa technologie réagissait à sa présence. L’aigle aux ailes repliés fit son apparition au centre de l’écran, tournant sur lui-même avant de diviser la tablette en deux en un slash blanc, limité aux bordures de l’écran. Devant elle, une myriade d’informations se divisaient en plusieurs fenêtres organisées méthodiquement, son nom apparaissant à côté du symbole du S.H.I.E.L.D. en haut de l’écran.
____ Une autre fenêtre apparue en plein centre.

Vous avez un message d’Arya Howard.

____ — Ouvre le message.
____ Grâce à la reconnaissance vocale, le message s’ouvrit de lui-même, déployant un hologramme au-dessus de l’écran. Il s’agissait effectivement de la directrice du Campus Stark, portant toujours la combinaison moulante qui faisait sa réputation de femme fatale.
____ Enchantée, Ilya. Je suis Arya Howard, la directrice du Campus Stark. Mais je suppose que vous le saviez déjà.
____ Ilya déposa la tablette sur la table en verre en face d’elle, se penchant vers elle, les coudes au-dessus de ses genoux. Ses mains se rejoignirent alors qu’elle donnait toute son attention à l’hologramme.
____ Ceci est un message pré-enregistré. Vous pourrez me poser des questions lorsque j'en aurais terminé mais elles ne recevront que des réponses conçues pour répondre au plus près possible de vos attentes. Il se peut que vous n’en receviez aucune suite à la nature de votre question. Avez-vous compris ?
____ — Oui.
____ La réponse typique fit réagir la tablette qui sonna un bruit simple, mais significatif de la réception de la réponse.
____ Bien. Je suppose que vous avez dû lire les diverses informations que nous vous avons donné dans le dossier explicatif. Sachez que cela fait plusieurs mois que le S.H.I.E.L.D. observe vos faits et gestes partout dans le monde, et nous avons été plus que ravis de recevoir la recommandation d’Aaron Marsh à votre propos. Malgré tout, même si sa démarche fut appréciée, les co-directeurs et moi-même nous gardons le droit d’accepter ou non les étudiants. Puisque vous lisez ce message, il est évident que nous vous avons retenu pour faire partie du projet STARK. Une montre se trouve dans le boitier présent dans la mallette. Il s’agit d’une STARK WATCH, un modèle unique développé spécifiquement à l’usage du Campus Stark. Une fois que vous l’aurez activée, elle enverra un message à nos agents les plus proches qui auront pour mission de vous escorter jusqu’au Nevada, et donc, à nos locaux. Les informations qui vont suivre sont strictement confidentielles.
____ Elle écouta le discours de la directrice jusqu’à la fin, où elle précisait notamment les buts et la constitution du Campus, ainsi que l’utilisation de la Stark Watch : elle remplaçait leurs téléphones portables et servait de moyen de communication à l’intérieur du bâtiment. Aucun autre appareil électronique n’était apparemment autorisé, afin d’éviter la fuite d’information à cause d’un réseau non protégé.
____ Ma présentation semble terminée. Avez-vous des questions ?
____ — Combien de temps je dispose pour activer la montre ?
____ Vous avez un maximum d’une cinq jours pour vous décider. Passé ce délai, nous en conclurons que vous avez refusé notre offre.
____ — Je devrais abandonner mon engagement à Reykjavik si je décide de vous rejoindre.
____ Le Campus Stark demande un investissement total et une présence absolue.
____ Sa réponse, bien que pré-enregistrée, répondit à ses attentes. Cet algorithme était vraiment bien codé, elle devait au moins le reconnaître. La Stark Industries ne faisait pas les choses à moitié.
____ — L’escouade dans laquelle je suis actuellement saura-t-elle pourquoi je quitte l’équipe ?
____ Personne ne sera au courant que vous faites partie du projet.
____ — Je vois.
____ Après un silence d’environ trente secondes, la voix d’Arya se fit entendre.
____ Avez-vous d’autres questions ?
____ — Non.
____ Une nouvelle fois, le bruit robotique annonça la prise en compte de sa réponse.
____ Bien, Ilya, j’espère vous voir au Campus d’ici quelques jours. Votre grand-père serait fier de vous voir œuvrer pour la paix au nom de Latvéria.
____ L’hologramme disparu après ces dernières paroles sans qu’elle eût le temps de lui répondre. Cela l’aurait sûrement plus surprise si Aaron ne lui avait pas glissé une copie de son dossier personnel. Evidemment qu’ils connaissaient tout sur eux.
____ Elle reposa la tablette dans la mallette avant d’aviser le boitier. Finalement, elle le prit entre ses doigts et souleva le capot. Une montre à la pointe de la technologie reposait sur un couffin noir, dont le cadrant était décoré d’un aigle aux ailes repliées. Elle décrocha son téléphone, composant le numéro de son chef d’escouade. Après quelques sonneries, une voix retentit dans le combiné.
____ Ilya ? Qu’est-ce je peux faire pour toi ?
____ Elle sourit, avant de répondre, ses doigts parcourant la surface de la montre.
____ — Jolie mallette.
____ N’est-ce pas ? Je suis content qu’ils aient retenu ton dossier.
____ — Grâce à vous.
____ En partie. Ce ne sont pas mes compétences qu’ils recherchent.
____ — Est-ce que le reste de l’équipe est au courant ?
____ Non. Seulement moi. Tu hésites ?
____ — Un peu. J’aime ce que je fais avec vous tous, je n’aimerai pas vous abandonner comme ça.
____ Ne vois pas ça comme ça, Ilya. Considère que c’est la prochaine étape. Tout ce que tu as fait jusqu’ici se concrétisera là-bas.
____ Elle fit jouer le boitier entre ses doigts, visiblement en pleine réflexion.
____ — Merci pour votre confiance, boss.
____ Tu la mérites. Quand tu seras devenue l’une des nouveaux héros de ce monde, pense à venir prendre un café. On sera tous ravis de te revoir.
____ — Vous parlez comme si j’étais déjà partie.
____ Tu as toujours été ailleurs, Ilya. Ton esprit n’a jamais quitté Kamar-Taj, malgré tous les efforts que tu faisais pour le cacher.
____ Un silence s’installa entre eux sans qu’aucun des deux ne veuille raccrocher. Elle savait que c’était sûrement une des dernières fois qu’elle lui parlerait.
____ Rends-moi fier de ce que tu auras accompli.
____ Ilya sourit, à l’autre bout du fil.
____ — Sans faute.
____ Elle entendit Aaron rire, légèrement.
____ Si je ne raccroche pas maintenant, je risque de ne jamais le faire et te donner ma fameuse recette de brownies sans m’en rendre compte.
____ — Quelle tragédie, ria-t-elle.
____ Tu vas beaucoup nous manquer Ilya.
____ — Vous aussi, boss.
____ Après quelques instants, elle entendit les bips sonores annonçant la fin de l’appel. Elle replaça la montre dans la mallette avant de la refermer. Son téléphone glissa dans sa poche alors qu’elle empoignait la mallette entre ses doigts fins.
____ Elle avait encore quelqu’un à qui dire au revoir.

[…]

____ — Eh, Ilya ! Attends !
____ Elle se retournant, elle découvrit Alphonse qui courrait vers elle. Sa simple vue lui fit esquisser un sourire ; elle était contente de le voir avant de partir, c’était le seul qu’elle n’avait pu saluer de son escouade. Il s’arrêta face à la jeune femme.
____ — Alors c’est vrai, tu t’en vas ? Et sans me dire au revoir, en plus.
____ — Tu es toujours aussi difficile à trouver.
____ — Tu aurais pu appeler.
____ Elle sourit en détournant le regard.
____ — Je suis content que tu aies eu cette mutation. Ça va être sympa de pouvoir bosser au cœur de l’action.
____ — Désolée de ne pas avoir pu vous prévenir avant.
____ — C’est bon, t’en fais pas. Echo va juste être jalouse que tu amènes des viennoiseries à d’autres personnes le matin.
____ — Je vous en ai laissé une dernière boîte, sur mon bureau. Je ne voulais pas la déranger pendant qu’elle travaillait au laboratoire, tu voudras bien la saluer pour moi ?, demanda-t-elle en glissant sa main sur celle d’Alphonse.
____ Il hocha la tête. Tous deux échangèrent un regard lourd de sens pendant quelques secondes. Ilya soupira, alternant entre la rue et Alphonse. Puis finalement, elle rompit le silence. Si elle faisait durer ce moment, ça deviendrait encore plus dur de partir. C’était pour ça qu’elle ne voulait partir sans les voir une dernière fois.
____ — J’ai quelqu’un à qui rendre visite. Il m’attend depuis déjà trop longtemps.
____ Alphonse esquissa un sourire, caressant une dernière fois la main d’Ilya.
____ — Bien sûr.
____ Il lâcha sa main qu’il tenait fermement entre les siennes, redressant un regard d’un mélange de tristesse et de compassion vers elle.
____ — Vas-y.
____ Elle lui sourit, timidement. Sa main se glissa sur sa joue, où elle déposa un simple baiser. Alphonse ferma les yeux, profitant de l’instant présent. Il ne pouvait pas savoir quand elle reviendrait en Islande, mais il avait foi en elle. Elle reviendrait, à coup sûr.
Lorsqu’il les rouvrit, elle avait disparu à travers un festival de crépitements dorés.

____ Ilya foula du pied l’herbe qui recouvrait la clairière, appréciant la brise fraiche de son pays natal. Elle s’avança, à pas lents, veillant à ne pas troubler le repos des quelques âmes vivant en ces lieux. Elle s’arrêtait, de temps à autre, pour ramasser quelques fleurs qu’elle gardait précieusement entre ses doigts fins.
____ Finalement, elle s’arrêta devant une stèle usée par le temps. Elle y déposa son bouquet, restant un temps accroupie devant elle. Sa main rejoint la surface froide de la pierre, chassant mousse et neige des inscriptions gravée à sa surface.
____ Ses doigts retombèrent mollement sur son genou, tandis que son regard fixait avec mélancolie le nom qui y était inscrit.
____ — Salut, grand père.
____ Un frêle sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle prononça ces mots.
____ — Ça fait longtemps.

*







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MessageSujet: Re: BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster  BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster EmptySam 20 Oct - 20:53



PERSONNAGES


✞ L'Ancien
Mentor

____ L'Ancien avait une place très particulière dans le cœur d'Ilya. Entre mentor et protecteur, Ilya l'a toujours fortement admiré et considéré comme quelqu'un à qui elle pouvait se confier sans crainte. En un sens, il était une sorte de parent ou de grand-parent de substitution pour elle, quelqu'un qui lui aussi était un maître des arts occulte qu'elle respectait et aimait énormément. Il mourut à ses côtés dans l'attaque de 58, ce qui toucha profondément Ilya, la poussant à vouloir perpétuer son héritage pour ne pas se focaliser sur la peine qu'elle ressentait suite à cet événement.

Haigha // "Maître Haigha"
Maître

____ Haigha fut le premier et seul maître qu'Ilya eut la chance de côtoyer tout au long de ses années à Kamar-Taj. Il est celui qui la poussa à dépasser ses propres limites et lui enseigna les principales leçons de l vie en l’absence de ses parents. Constamment à l'écoute et protecteur envers elle, Haigha lui porte une affection similaire à celle qu'il portait à son enfant, mort d'une leucémie deux ans avant l'arrivée d'Ilya. C'est d'ailleurs cet événement qui le poussa à apprendre la magie afin de lui venir en aide, en vain.

Caem
Ami

____ Caem est un sorcier qui reçut lui aussi l'enseignement de l'Ancien à Kamar-Taj. Etant l'aîné d'Ilya de seulement un an, tous les deux se sont rapidement bien entendu et se sont lié d'amitié lorsqu'il rejoins le Népal quelques années après elle. Ils prirent l'habitude de s’entraîner ensemble sous la gouverne du Maître Haigha et de s'encourager mutuellement dans leurs progrès. Ils combattirent côte à côte pendant l'attaque de 58 pour protéger Kamar-Taj. Ce fut également son confident pendant toute la durée de son apprentissage, où chacun écoutait l'autre sur ses craintes et ses problèmes.

Alphonse Arochena Nilsen // Al
Ami

____ Alphonse est la première personne qu'Ilya rencontra lorsqu'elle décida de se donner corps et âme aux habitants de la Terre en apportant son aide au S.H.I.E.L.D., organisation pour laquelle travaille Alphonse. Il l'accompagna dans ses démarches et pendant la plupart de ses missions. Bien qu'il soit un agent militaire en formation, il n'a pas perdu la joie de vivre qui l'animait, malgré les diverses attaques qui faillirent lui faire perdre pied à cause de son impuissance.

Aaron // "Boss"
Chef d'unité et conseiller

____ Aaron est le chef d'unité dans laquelle Ilya évoluait avant qu'elle ne rejoigne le Campus Stark sous sa recommandation. Ils entretiennent de bons rapports, construis sur la confiance mutuelle qui s'est développée entre eux au fur et à mesure qu'Ilya faisait ses preuves sur le terrain.

NON-JOUEURS


✞ Amity Shepperd // "Arya Howard"
Ennemie mortelle

____ à venir

✞ Sergent Dereck // "Chef"
Modèle

____ à venir

Lady Azure Almondvale // "Miss"
Mentor

____ à venir

✞ Ronald Coulson
Agent instructeur

____ à venir

Dario Brando
Instructeur indépendant

____ à venir




Dernière édition par Langreen le Dim 11 Nov - 15:37, édité 10 fois
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MessageSujet: Re: BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster  BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster EmptySam 20 Oct - 20:53



RELATIONS


Amon von Fatalis // "A"
Frère

____ Amon et Ilya ont toujours eu une relation très fusionnelle, surtout du côté de la cadette. Enfant, Ilya avait l'habitude de dormir avec lui lorsqu'elle faisait un cauchemar, ce qui arrivait... relativement souvent. Elle l'a toujours beaucoup admiré, mais malgré ça, elle a su devenir indépendante grâce à sa magie, même si secrètement, elle cherchait toujours à l'impressionner en donnant le meilleur d'elle-même. Avec les récents événements du campus, les deux frères et sœur retrouvèrent leur complicité qu'ils avaient développé au combat, couvrant les points faibles de l'autre et complétant ses capacités.

Théotokis Daidalos// "Théo"
Ami

____ Depuis leur rencontre, la relation d'Ilya et Théotokis a beaucoup évoluer jusqu'à arriver à ce que l'on pourrait appeler de l'amitié. Bien que son caractère naturellement froid et distant puisse en rebuter certain, Ilya chercha à en comprendre la cause et à l'effacer ; Théo lui rappelait beaucoup un de ses amis, Alphonse, qui avait le même comportement que lui au prime abord, mais qui, une fois qu'il eut apprit à sourire, était un tout autre homme. Elle espère pouvoir aider Théo de la même manière.

Vingnir Odinson
Ami

____ Vingnir est un asgardien qu'Ilya rencontra après que son frère Sleipnir ait plus ou moins montré son arrogance devant Zeke. Relativement aimable et coopératif, il est, sans doute, quelqu'un sur lequel on peut compter. Leur relation se détériora suite à la pseudo-mort de Sleipnir. Malgré tout, les tensions s'apaisèrent lors des jours qui suivirent et tous deux firent officiellement la paix lors de la soirée précédant la libération d'Azure ; Vingnir promit même à Ilya de lui apprendre la valse asgardienne.

Laurel
Amie

____ Rapidement rencontrée lorsqu'Ilya et Théo cherchaient leur numéro de chambre, Ilya se rendit compte que Laurel n'était autre que sa colocataire. De nature charmante et agréable, elle apprécie ses discussions avec elle bien qu'elles soient rares. Elles se rapprochèrent grâce à leurs discussions profondes dans l'appartement de Lazwald, en compagnie du reste du groupe.

Lazwald
Ami

____ Du peu qu'elle eu l'occasion de parler avec lui, Ilya n'a trouvé Lazwald ni hostile ni fondamentalement chaleureux ; en bref, il est quelqu'un de professionnel. Le fait qu'il s'inquiète autant pour Théo qu'elle le place plutôt du côté amical du point de vue de la jeune fille. Après la soirée passée dans son appartement avec le reste du groupe, Ilya découvrit une nouvelle facette de Lazwald et tous deux se rapprochèrent, assez pour se considérer comme des amis, ou du moins comme des personnes dignes de confiance.

Lucia
Amie

____ Bien que leurs échanges furent brefs, Lucia apparu comme quelqu'un d'agréable et non-nocif malgré son ascendance kree. Relativement avenante, Ilya n'hésite pas à discuter avec elle si l'occasion se présente. Elles se rapprochèrent notamment avec les plusieurs missions qu'elles effectuèrent avec le groupe. Ilya considéra réellement Lucia comme une amie lorsqu'elle lui montra qu'elle lui faisait assez confiance en lui révélant qu'elle attendait un enfant avec Lazwald.

JOUEURS


Vance Morales
Ami

____ Depuis que Vance fut sorti de sa manipulation mentale, Ilya et lui eurent l'occasion de se parler plusieurs fois, poussant la jeune femme à réaliser sa nature profondément bienveillante. Lorsqu'il lui venu en aide suite à la lettre de Théo et lors de son accrochage avec Vingnir, elle fut convaincue qu'ils pouvaient compter l'un sur l'autre. Après la nuit du 29 octobre, le groupe entier se rapprocha, Ilya le considérait désormais comme un ami.

Ivy Storm Richard
Connaissance amicale et partenaire

____ Depuis le leak des informations du S.H.I.E.L.D. où les deux jeunes femmes se sont connues, Ilya et Ivy se retrouvèrent souvent afin de mettre au point des plans pour évincer la totalité d'H.Y.D.R.A. au sein de l'agence intergouvernementale. Elles partagent la même volonté de défendre le monde et de lui redonner sa liberté, ce qu'Ilya apprécie particulièrement chez elle, ainsi que sa douceur.

Sleipnir Laufeyson
Connaissance hostile

____ Sleipnir est ce qui se rapprocherait le plus de ce qu'on pourrait appeler un dégénéré, mais malgré tout, Ilya ressent une certaine compassion envers lui ; d'expérience, elle sait que lorsqu'une personne agit de manière malfaisante, c'est qu'un événement dans sa vie l'a poussé à faire de la sorte. Depuis leur altercation suite à la proposition d'Ilya à former un groupe d'entrainement, leur relation s'est plus que détériorée, jusqu'à être parfaitement hostiles une fois son pacte avec Franklin formé. Une fois que Noam fut revenu au Campus et qu'il vengea la mort de Coulson en passant Sleipnir à tabac, tous deux ne s'adressaient plus la parole sans pour autant se sauter dessus à la première occasion.




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MessageSujet: Re: BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster  BACKGROUND ៚ Ilya von Fatalis Elster EmptyVen 26 Oct - 11:31



CIMETIÈRE


✞ Ezekiel Lin // "Zeke"
Ami proche

____ Ilya rencontra Ezekiel le jour de l'inauguration en même temps que Théo. Après un léger accrochage où il voulu vérifier si elle était bien celle qu'elle prétendait, tous deux entretinrent des rapports cordiaux, voir plus ou moins amicaux par moments. Relativement compliqué à cerner, Ilya pu cependant témoigner de sa nature compatissante envers les membres du groupe qu'il appelle "F.U.R.Y.".  Pendant l'isolement de Théo et notamment lors de l'événement de la lettre, tous deux se sont beaucoup rapprochés et comptent l'un sur l'autre lors des missions périlleuses ou des opérations qu'ils montent avec le reste du groupe. Ilya considère Zeke comme un ami proche et surtout, un partenaire digne de confiance. Il perdit la vie lors de son combat pour ramener Théo à la raison aux côtés de Lazwald, Ilya et Titouan, laissant ses amis sans le leader charismatique qu'il était. Puisse son âme reposer en paix.

✞ Noam August Schmidt
Ami proche et camarade

____ En tant que membre de l'équipe du Campus, ou plutôt consultant, Ilya a couramment eu affaire à Noam bien qu'elle le considère plus comme quelqu'un d'amical qu'une figure d'autorité. Lorsqu'ils en ont l'occasion, ils n'hésitent pas à discuter ensemble. Une fois qu'il fut révélé en tant que directeur de l'Abraham School, Ilya et lui travaillèrent d'arrache-pied pour libérer le Campus d'H.Y.D.R.A, jusqu'à ce qu'il se fasse tuer à Berlin. Du moins, ce qu'il parait. Lors de leur mission à l'ancienne école de mutats Xavier School, ils s'y retrouvèrent, en vie. Une fois revenu au Campus, elle fut heureuse de voir Noam se confier et lui faire assez confiance pour pleurer devant elle, lorsqu'il évoqua Eileen.

✞ Franklin Stark/ Antonio Schmidt
Relation neutre

____ En tant que membre d'Hydra et traître, la relation entre Ilya et Franklin ne pouvait que se dégrader, d'autant plus après la mort supposée de Noam qui jeta un froid entre eux. Malgré tout, ils s'allièrent dans un but commun, mettant leurs griefs de côté afin d'y parvenir. Avec les récents événement et la soirée passée dans la chambre de Lazwald, Ilya reconsidère Franklin comme une page blanche au lieu d'une menace terrestre.


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